Le chanteur Mohamed Eskandar est peut-être populaire au Liban, mais ce n'est pas tout le monde qui souhaite le voir au Canada.

L'organisation HELEM, qui milite pour la défense des gais et lesbiennes dans le monde arabe, dénonce vivement la venue de M. Eskandar à Montréal et à Ottawa la semaine prochaine, en raison de ses propos homophobes.

Dans sa chanson Dod El Enef, lancée plus tôt cette année, le chanteur dénigre ouvertement l'homosexualité, qu'il décrit comme une «maladie de la douceur» néfaste pour l'humanité. La chanson encourage aussi à punir les jeunes garçons qui ont un comportement féminin. Selon HELEM, le clip est encore plus «répugnant» parce qu'il «véhicule tous les stéréotypes possibles envers les gais» - des petits garçons qui jouent à la poupée aux hommes ayant des relations sexuelles dans les toilettes.

Dans le contexte où l'homosexualité est toujours illégale au Liban - les autorités du pays ont récemment arrêté une quarantaine d'hommes soupçonnés d'orientation «contre nature» -, les chansons de Mohamed Eskandar «ne font qu'encourager la propagande haineuse», déplore David, porte-parole de HELEM. «En 20 ans, je n'ai jamais rien vu de tel.»

Ironiquement, M. Eskandar est l'un des rares chanteurs libanais à aborder ce sujet, qui demeure un immense tabou dans les sociétés arabes. Mais il aime la controverse. En 2010, il a connu un important succès avec Joumhoureyet Alby, une chanson qui dénonce la présence des femmes sur le marché du travail. Des associations féministes ont manifesté et appelé au boycottage.

Ça ne s'invente pas: M. Eskandar doit se produire le 1er septembre à la Place Vertu, dans le cadre du Festival de la famille. Les organisateurs assurent qu'il ne chantera pas Dod El Enef. «Si elle était au programme, il va l'enlever, c'est sûr, affirme Zeina Hanna. On ne veut pas de problèmes. Il a beaucoup d'autres chansons qui font danser les gens.»