L'avocat d'un Canado-soudanais, bloqué depuis six ans au Soudan, a jugé «inacceptable» mardi la publication par un comité de l'ONU d'informations sur les liens présumés de son client avec le terrorisme et Oussama ben Laden à un moment où Ottawa a finalement accepté de le rapatrier.

«Je trouve bizarre que ces informations soient diffusées à un moment où on est en train de discuter du retour d'Abousfian Abdelrazik», a déclaré à l'AFP son avocat Me Yavar Hameed.

Un document du comité «1267» du Conseil de sécurité chargé de la lutte contre le terrorisme, mis en ligne lundi, affirme qu'Abousfian Abdelrazik appartenait «à une cellule à Montréal dont les membres se sont rencontrés dans le camp d'entraînement d'Al-Qaïda de Khalden en Afghanistan».

Selon la même source, il a recruté plusieurs personnes pour aller s'entraîner dans ce camp, affirmant à l'une d'entre elles connaître personnellement le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden.

M. Abdelrazik «a déjà démenti ces allégations», a déclaré l'avocat en soulignant qu'ils s'agit «grosso modo» d'informations déjà publiées par les Etats-Unis.

 «Il est inacceptable qu'on réitère dans le contexte actuel ces mêmes allégations qui n'ont jamais été prouvées», a-t-il dit en soulignant qu'aucune accusation n'a été retenue contre lui au Canada. «On peut soupçonner que cela a été fait en consultation avec les Etats-Unis», a-t-il ajouté.

M. Abdelrazik avait été arrêté et détenu en 2003 au Soudan, où il était allé voir sa mère. Libéré par la suite, il était bloqué dans ce pays parce que son nom figure sur la liste noire de l'ONU des personnes soupçonnées de terrorisme et parce les autorités canadiennes refusaient de lui fournir un nouveau passeport.

Le gouvernement canadien a finalement accepté la semaine dernière de le rapatrier après que la Cour fédérale le lui eut ordonné, estimant que les droits de M. Abdelrazik avaient été bafoués.

Le document du comité 1267 note que parmi les membres de la cellule dont M. Abdelrazik aurait fait partie à Montréal figurait Ahmed Ressam. Ce dernier a été condamné à 22 ans de prison aux Etats-Unis pour avoir essayé de commettre un attentat à l'explosif à l'aéroport de Los Angeles fin 1999.

M. Abdelrazik, qui a toujours vigoureusement démenti tout lien avec Al-Qaïda, a reconnu avoir connu Ahmed Ressam à Montréal et avait témoigné contre lui à son procès.

Agé de 47 ans, M. Abdelrazik était arrivé en 1990 au Canada, où il a obtenu le statut de réfugié, puis la nationalité canadienne en 1995. Il devrait pouvoir regagner le Canada dans les prochains jours.