Après deux heures d'attente, la moitié sous la pluie, une douzaine de personnes qui réclament le rapatriement du Montréalais Abousfian Abdelrazik n'ont pas réussi à rencontrer, mardi, le ministre Lawrence Cannon.

Elles s'étaient présentées en matinée devant les bureaux du ministère des Affaires étrangères, à Ottawa, brandissant le billet d'avion qu'elles ont acheté pour le Canadien coincé au Soudan depuis six ans. Elles voulaient livrer le billet au ministre ou, tout au moins, à un de ses adjoints.

Jeudi dernier, un juge de la Cour fédérale a ordonné à Ottawa de rapatrier de M. Abdelrazik avant le 7 juillet. Depuis, le ministre Cannon et le gouvernement conservateur refusent de dire s'ils vont obéir au jugement. Il leur reste 25 jours pour le porter en appel.

Le gouvernement fédéral a toujours refusé d'émettre un passeport à M. Abdelrazik qui vit, depuis un an, à l'ambassade du Canada à Khartoum. Le ministre Cannon a déjà déclaré que l'homme représente un risque pour la sécurité parce que son nom figure sur une liste d'interdiction de vol dressée par les Nations unies. Mais ni le Service canadien de renseignement de sécurité, ni la Gendarmerie royale du Canada, ni les autorités soudanaises n'ont quoi que ce soit à lui reprocher.

Frustrés de se voir interdire l'accès à l'édifice qui abrite les bureaux du ministre Cannon, les supporters de M. Abdelrazik s'en sont pris au ministre. Coincée entre deux portes, Francine Dumas étalait sa colère. «Je trouve ça effrayant. C'est de la mauvaise politique, de la politique la plus basse. Si on était des gens représentant la haute finance, je suis sûre qu'il serait déjà ici à quatre pattes devant nous!»

Après bien des pourparlers avec les agents de sécurité de l'édifice, Mme Dumas et James Loney, un pacifiste qui avait été pris en otage en Irak il y a trois ans, ont pu entrer et s'entretenir pendant moins de 10 minutes avec des fonctionnaires.

Ces derniers leur ont simplement dit qu'ils savaient qu'un billet d'avion est disponible pour M. Abdelrazik et ont refusé de prendre la copie qu'on leur tendait.

«Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c'est attendre», a confié M. Loney après la courte rencontre, ajoutant qu'il continuait «à espérer et à prier» qu'un passeport sera émis avant vendredi matin, date du voyage prévu sur le billet d'avion.