En raison d'une mauvaise gestion comptable, le ministère de la Défense nationale a dû se priver de plus de 300 millions de dollars dans son exercice financier de 2007-2008, souligne la vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser. Dans un rapport rendu public hier, Mme Fraser fait état de nombreuses lacunes de l'administration fédérale dans différents secteurs: dépenses évitables, conflits d'intérêts, financement insuffisant.

La Défense nationale, qui dispose d'un budget annuel de 19 milliards et qui gère pour 33 milliards de matériel et biens immobiliers, peine à assurer une gestion financière efficace à long terme, laissant périmer des fonds, constate la vérificatrice générale. «Il s'agit d'une importante conséquence pour un ministère qui affirme avoir besoin de fonds additionnels pour remplir son mandat», a souligné Mme Fraser.

 

Même son de cloche à l'Agence du revenu du Canada, où la vérificatrice générale note que des entreprises profitent d'une zone grise pour engranger des bénéfices aux dépens des contribuables. Entre 2005 et 2008, l'organisme fédéral a déboursé au moins 90 millions de dollars en frais d'intérêts à des sociétés, qu'il aurait pu éviter, selon Mme Fraser.

L'Agence accepte des acomptes de grandes sociétés, en prévision de nouvelles cotisations d'impôt, mais se voit plus souvent contrainte de garder ces sommes en dépôt «de façon injustifiée», entraînant ainsi le versement de frais d'intérêts considérables.

Selon Mme Fraser, l'Agence a constaté depuis longtemps le problème et n'a pas pris les mesures nécessaires pour que cela ne cesse.

Réagissant au rapport, le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, a répondu avoir demandé à l'Agence de «faire le nécessaire pour corriger» la situation.

Conflit d'intérêts

La vérificatrice générale s'inquiète par ailleurs d'un conflit d'intérêts qualifié de «grave» chez Ressources naturelles Canada. Le même consultant, Peter Middleton, a fourni des services au Ministère pour l'élaboration de programmes de contribution en efficacité énergétique, tout en travaillant pour des organismes qui recevaient un financement des mêmes programmes.

Mme Fraser conclut dans son rapport à un manque de diligence de la part du Ministère. «Je trouve ça très troublant. Les fonctionnaires ne semblent pas reconnaître les conflits d'intérêts et j'ai demandé à mon équipe de faire une vérification plus approfondie sur toute la question des politiques concernant les conflits d'intérêts au gouvernement fédéral», a-t-elle souligné en conférence de presse.

Finalement, la vérificatrice générale estime que la Société des ponts fédéraux manque de fonds pour mener à bien des travaux de réfection nécessaires sur des infrastructures de la région de Montréal.