Pieds ou jambes amputés, blessures aux cuisses, fractures aux tibias, aux fémurs, aux péronés, blessures aux organes génitaux, au bassin, etc.

Les militaires qui reviennent blessés d'Afghanistan souffrent, pour la majorité, de graves blessures à la partie inférieure du corps. Et ces blessures sont «plutôt effrayantes», indique le Dr Pierre Fréchette, directeur adjoint des soins professionnels et responsable du programme de traumatologie de l'hôpital de l'Enfant-Jésus à Québec.Reconnu comme centre de traumatologie tertiaire pour l'est de la province, l'institution sert d'hôpital de rapatriement pour les militaires de Valcartier blessés en Afghanistan. Depuis le début de la mission, en 2002, 22 militaires de Valcartier y ont été admis.

«Ils souffrent de blessures particulières qui posent des challenges importants et intéressants pour nos professionnels, car ce sont des blessures qu'on ne retrouve pas dans la population civile», dit le Dr Fréchette

Par «intéressant», il veut dire que le personnel de l'hôpital a acquis de nouvelles compétences à soigner ces militaires. D'ailleurs, le personnel du Service de santé des Forces va aussi y faire des séjours afin de parfaire ses connaissances médicales. D'un point de vue strictement médical, la collaboration est profitable aux deux parties.

Bombes sous véhicules

Si les militaires sont plus souvent blessés dans la partie inférieure du corps, c'est que la majorité des blessures surviennent après l'explosion d'une bombe artisanale sous leur véhicule. Selon le Dr Fréchette, plusieurs militaires qui sont passés par l'hôpital québécois avaient un pied, sinon une jambe amputés. Souvent, ils doivent être amputés de nouveau en raison de complications telles l'infection de plaies.

En plus, certains arrivent « dans un état psychologique particulier », dit le Dr Fréchette.

Normalement, après un séjour de six mois en Afghanistan, les militaires passent quelques jours à décompresser dans un camp à Chypre avant de revenir au pays. Mais ce n'est pas le cas des blessés.

«Ces personnes arrivent presque directement du front sans avoir été psychologiquement reconditionnées à la vie civile», dit-il. Par exemple, un soldat qui est réveillé par le bruit d'une perceuse industrielle peut le confondre avec celui d'une mitraillette.

«Je ne sais pas si vous avez une idée de la crise de nerfs que cela provoque chez ce militaire-là, dit le médecin.»

Lorsqu'ils reçoivent leur congé, les militaires qui nécessitent des soins de réhabilitation - comme réapprendre à marcher par exemple - sont référés à l'Institut de réadaptation en déficience physique (Centre François-Charron) de Québec.