La sécurité qui a entouré la tenue du Sommet de la francophonie à Québec, l'automne dernier, a coûté cher. Selon une évaluation préliminaire obtenue par La Presse, la Gendarmerie royale du Canada a dépensé à elle seule 27,8 millions en trois jours pour protéger les chefs d'État et responsables des 69 délégations qui ont participé à l'événement.

Cette évaluation obtenue en vertu de la Loi d'accès à l'information est loin d'être finale et la facture devrait être substantiellement plus élevée «d'au moins 10%», reconnaît une source proche de la GRC. Il faut ajouter à cette somme les dépenses de la Sûreté du Québec et du Service de police de la Ville de Québec, qui ont assuré en partie la sécurité des dignitaires. Les demandes d'information de La Presse se sont cependant heurtées à un refus de la SQ, qui a expliqué par lettre que des «négociations entre les gouvernements provincial et fédéral relativement au remboursement des frais engendrés» avaient toujours lieu.

À la Ville de Québec, on n'était pas en mesure, hier, de donner une évaluation des coûts liés au Sommet.

En ce qui concerne la GRC, on attribue près de la moitié des coûts, soit 14,1 millions, au budget du «personnel», qui inclut la rémunération régulière et les heures supplémentaires des policiers affectés à la sécurité. Fidèle à sa politique, la GRC refuse de dévoiler combien d'agents ont été mis à contribution.

L'autre dépense importante est classée sous l'étiquette «transport et télécommunications» et est évaluée à 6,1 millions. L'hébergement du personnel est inclus dans cette enveloppe.

28 millions à Montebello

Le dernier déploiement sécuritaire de cette ampleur remonte à août 2007, alors que les trois chefs d'État et de gouvernement d'Amérique du Nord s'étaient réunis pour un sommet éclair à Montebello, dans l'Outaouais. La Presse avait alors révélé que la facture finale tournait autour de 28 millions pour un événement qui avait duré moins de 24 heures. La GRC avait dépensé près de la moitié de cette somme, soit 13,4 millions, le reste étant partagé entre la SQ, la police d'Ottawa et le ministère des Affaires étrangères. La SQ estimait le coût de la participation de ses 1328 agents à sept millions.

Le XIIe Sommet de la francophonie s'est tenu à Québec du 17 au 19 octobre 2008. Contrairement à des événements plus controversés comme le Sommet des Amériques en 2001, il s'est déroulé sans incident notable. Le rôle de la GRC consistait essentiellement à protéger les chefs d'État et les dignitaires de leur arrivée à l'aéroport jusqu'à leur départ. La SQ et la police de Québec, elles, fournissaient notamment des policiers à moto pour les convois d'automobiles de la GRC, s'occupaient du maintien de l'ordre, protégeaient les personnalités québécoises et géraient la circulation autour des périmètres de sécurité.

La rencontre a surtout retenu l'attention le premier jour quand le président de la République française, Nicolas Sarkozy, a livré un plaidoyer inattendu en faveur de l'unité canadienne. Après avoir précisé qu'il a «toujours été un ami du Canada» et que le monde n'avait pas besoin d'une division supplémentaire, il s'est fait plus nuancé lorsqu'il a été interrogé par les journalistes. «Je dirais que les Canadiens sont nos amis et les Québécois, notre famille», avait-il dit.