La compagne d'Hassan Diab, auteur présumé d'un attentat ayant fait quatre morts en 1980 près d'une synagogue parisienne, s'est dite lundi prête à se porter garante de lui s'il était libéré, parce qu'elle le croit innocent bien qu'elle ne l'aime plus à cause de son infidélité.

«Je ne fais pas ça par amour, car je ne l'aime plus. (...) Mais parce qu'il est innocent», a déclaré Raina Tfaily au dernier jour d'une audition de libération conditionnelle de M. Diab, un professeur de sociologie libano-canadien de 55 ans.

Enseignant à temps partiel dans deux universités d'Ottawa, il avait été arrêté le 13 novembre dans la banlieue de la capitale canadienne à la demande de la France qui souhaite son extradition pour le juger.

Des magistrats français l'accusent d'être l'auteur de l'attentat qui avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés près de la synagogue de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980, sur la base d'un dossier dont la solidité est fermement contestée par l'avocat de la défense, Me Donald Bayne.

Mme Tfaily, 30 ans et professeur de démographie à l'université Carleton d'Ottawa, a témoigné lundi matin, affirmant être prête à servir de caution et de garante à son compagnon et même de respecter un couvre-feu pour le surveiller, si celui-ci était remis en liberté pendant la durée de la procédure d'extradition.

Mais elle n'a pas caché que leur relation avait souffert de cette affaire. Pendant les auditions, M. Diab a dû admettre qu'il avait eu une relation encore récemment avec une autre femme.

Mme Tfaily a expliqué devant le juge Robert Maranger qu'elle défendait M. Diab parce qu'elle était persuadée de son innocence et qu'elle «ne se serait jamais pardonné d'avoir laissé en prison un innocent parce que je suis jalouse qu'il ait eu des relations sexuelles avec une autre femme».

La semaine dernière, plusieurs témoins de la défense ont aussi proposé de se porter caution de M. Diab, estimant que celui-ci pouvait être remis en liberté sans risque pendant la procédure d'extradition. M. Diab a pour sa part indiqué qu'il était prêt à se plier a des conditions strictes, dont le port d'un bracelet électronique pour être libéré.

Le ministère public, qui cherche à éviter une libération conditionnelle, s'est de son côté efforcé de présenter Hassan Diab comme un homme risquant de s'enfuir car il a conservé des contacts dans de nombreux pays, et a insisté sur sa relation instable avec sa compagne.

L'avocat de la défense a ironisé à ce sujet, soulignant que les nombreux voyages de son client au Proche-Orient n'avaient rien d'illégal ni d'étonnant pour un homme originaire de la région et que des relations avec des femmes n'étaient pas une cause de détention.

Bien que la question de l'extradition elle-même doive faire l'objet d'une audition ultérieure, Me Bayne a commencé à faire valoir que le dossier à charge français était «faible», selon lui, et fondé en grande partie sur des informations émanant des services de renseignement et non sur des preuves.

Il a fait valoir que M. Diab ne serait jamais condamné aux Canada sur un tel dossier, estimant que celui-ci est même insuffisant pour justifier une extradition, procédure dans laquelle la charge de la preuve est moins importante.

L'audition, qui devait s'achever lundi à son quatrième jour, ne porte cependant que sur une éventuelle libération conditionnelle. Le juge a déjà indiqué qu'il n'annoncerait pas sa décision immédiatement et mettrait son jugement en délibéré.