Les caquistes blâment les libéraux pour le report d'éventuelles consultations sur les pesticides, dans la foulée de l'affaire Louis Robert, cet agronome congédié par le ministère de l'Agriculture pour avoir dénoncé l'influence indue de l'industrie des pesticides sur la recherche.

Les députés ont reporté, jeudi après-midi, le vote pour la tenue de consultations sur les pesticides, faute d'avoir pu s'entendre sur la formulation du mandat.

L'opposition libérale « dénature complètement » l'objectif de la commission en voulant discuter aussi du lanceur d'alerte Louis Robert, a accusé un porte-parole du gouvernement, Marc-André Gosselin, dans un entretien téléphonique.

« Ça n'a pas de bon sens de tout mélanger, les libéraux obstruent le déroulement des travaux », a-t-il poursuivi.

Le député péquiste Sylvain Roy, à l'origine du mandat d'initiative demandé, voulait que la commission examine « les impacts sur la santé publique et l'environnement de l'utilisation de produits chimiques tels que les pesticides dans les secteurs de l'agriculture et de l'alimentation ».

Les caquistes voulaient quant à eux que la commission se penche aussi sur « les pratiques de remplacement innovantes disponibles », ainsi que sur le « respect de la réciprocité et de la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois ».

Le vote a été reporté dans deux semaines, lors de la reprise des travaux parlementaires, après la relâche.

Plus tôt en matinée, des élus caquistes avaient refusé d'entendre à la commission des institutions Louis Robert. Majoritaires, les caquistes ont voté contre une proposition qui était appuyée par l'opposition.

La proposition de mandat d'initiative sur la question émanait du député indépendant Guy Ouellette.

Dans un point de presse en matinée au parlement, le député libéral de La Pinière, Gaétan Barrette, qui a pris part à la séance de travail sur cet enjeu, a dit être « déçu » de la position des caquistes. Les libéraux proposaient de l'entendre à huis clos s'il le fallait. Ils voulaient « faire le point sur l'étanchéité » entre l'appareil administratif et le législatif, a expliqué M. Barrette.

« Les arguments évoqués (par la CAQ) ne tenaient pas la route », a-t-il déploré.

Le chef intérimaire péquiste, Pascal Bérubé, reproche aux élus caquistes d'avoir obéi à une consigne du parti. Il a soutenu que les députés du gouvernement se sont concertés pour suivre un mot d'ordre, sans égard au sérieux de l'enjeu sur lequel ils devaient se prononcer.

« C'est épouvantable, ils sont pareils aux libéraux, a-t-il déclaré en mêlée de presse jeudi matin. C'est un autre recul (de la CAQ). »

Le président du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Richard Perron, a également condamné le refus du gouvernement caquiste.

Louis Robert a déposé deux griefs, un pour contester son congédiement et demander sa réintégration avec pleine compensation, et un autre pour demander réparation en raison d'une suspension qui dépassait 30 jours.

M. Robert pourrait aussi déposer sous peu une poursuite au civil pour diffamation, mais le syndicat souhaite « que le gouvernement réfléchisse et change d'avis » rapidement, avant de se rendre aux tribunaux, a laissé entendre M. Perron.