Québec solidaire risque d'envoyer un « message négatif » aux immigrants en défendant les prescriptions du rapport Bouchard-Taylor, a reconnu le député Andrés Fontecilla, mardi. Il reste toutefois « à l'aise » avec cette position de son parti.

« Ça peut envoyer un message négatif, oui, parce que, objectivement, il y a une limitation d'un droit individuel », a convenu M. Fontecilla.

« Mais il y a beaucoup d'immigrants qui comprennent aussi que les droits individuels ont aussi une limitation, a-t-il ajouté. Donc, je ne vais pas être absolutiste. Certains peuvent le percevoir de façon négative, mais d'autres peuvent le percevoir de façon plutôt positive. »

Depuis plusieurs années, Québec solidaire (QS) adhère à la recommandation phare de la commission de consultation, soit l'interdiction des signes religieux aux fonctionnaires avec un pouvoir de coercition comme les juges, les policiers ou les procureurs de la couronne. Le parti y voit une solution de « compromis ».

À l'instar de plusieurs autres députés solidaires interrogés dans les dernières semaines, M. Fontecilla s'est dit prêt à continuer de défendre cette position.

« Je pense qu'il y a certaines fonctions de l'État qui exigent un devoir de réserve absolu en apparence, et donc, oui, je me sens à l'aise avec cette position-là », a-t-il assuré.

Les députés et membres de QS ont participé en fin de semaine à une « journée de réflexion » sur cette explosive question. Le mois prochain, ils seront appelés à redéfinir la position défendue par le parti depuis plusieurs années.

Lancé en décembre, ce débat a fait apparaître des clivages importants au sein du parti de gauche, certains prônant une interdiction plus stricte des signes religieux dans la fonction publique et d'autres appelant au contraire à une plus grande tolérance.

Fin janvier, le député Vincent Marissal a exprimé son inconfort au sujet du compromis Bouchard-Taylor, se disant mal à l'aise à ce que sa mise en oeuvre empêche un fonctionnaire d'occuper un emploi.

Charles Taylor, qui a coprésidé la commission de consultation avec Gérard Bouchard, a depuis pris ses distances de la recommandation de son propre rapport. Devant les membres de QS réunis à Trois-Rivières en fin de semaine, il a défendu une forme ouverte de la laïcité de l'État, qui permettrait à des fonctionnaires de porter des symboles de leur foi à condition que les institutions restent neutres.