Le gouvernement Legault veut entendre les représentants des médias d'information en commission parlementaire afin de trouver des «solutions» à la crise budgétaire qui les fragilise depuis des années.

«Il y a un problème criant et c'est la perte de sources d'information un peu partout à la grandeur du Québec», a affirmé vendredi la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy.  

Québec déposera la semaine prochaine un mandat d'initiative à la commission de la culture, à l'Assemblée nationale, pour définir les paramètres des travaux qu'elle mènera afin de proposer des solutions aux «problèmes structurels» que vivent les médias.

Rien n'est pour l'instant exclu, a dit Mme Roy, y compris le fait d'exiger des géants numériques (Facebook, Google, etc.) qu'ils paient des impôts sur les revenus publicitaires enregistrés dans la province.

«Le gouvernement fédéral a agi et c'est bien parce que les médias ont besoin d'un peu d'air, faut que c'est de l'argent qu'on a mis sur la table à Ottawa sans s'attaquer aux problèmes structurels», a déploré la ministre de la Culture du Québec.  

«Je tends la main à mon homologue fédéral [...]: il faut que ces entreprises, qui ne paient pas d'impôts ici, en paient», a poursuivi Mme Roy.

Une crise qui perdure

Depuis plusieurs années, les médias d'information au Québec subissent des pressions financières alors que les revenus autrefois générés par la publicité diminuent au profit des géants numériques étrangers.  

«Depuis 2010, le nombre de journaux locaux et régionaux a diminué de 28% [au pays]. On est passé de 200 journaux à 142 en huit ans. Moins il y a de sources d'information, moins les gens peuvent s'informer et nous croyons que le droit à l'information est essentiel à une démocratie forte», a dit à ce sujet Mme Roy, vendredi.  

«C'est l'information qu'il faut protéger. Que ce soit les journaux, la radio ou la télévision, il faut que toutes les régions du Québec puissent avoir accès à de l'information de qualité», a-t-elle conclu.  

Lors du dernier budget déposé en mars dernier sous le gouvernement Couillard, le Québec a déployé une aide d'urgence chiffrée à 64,7 millions pour les médias d'information. Plus tôt cet automne, Ottawa a pour sa part annoncé des mesures d'aide totalisant 595 millions au cours des cinq prochaines années.  

Cette récente annonce du gouvernement fédéral n'a toutefois pas fait l'unanimité. L'opposition conservatrice au parlement a depuis affirmé que le gouvernement Trudeau tentait «d'acheter les médias» et ont qualifié l'aide de «copinage insidieux».