François Legault juge «très intéressant» le projet de gazoduc de 750 kilomètres qui relierait Rouyn-Noranda à Saguenay. Mais le projet de 14 milliards a reçu un accueil beaucoup moins enthousiaste des représentants des Premières Nations, que le premier ministre a rencontrés vendredi.

M. Legault a assisté à un sommet des dirigeants de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), une rencontre de plusieurs heures qui constituait un premier contact du premier ministre avec les leaders autochtones.

Au terme des échanges, il a affirmé que son gouvernement est «ouvert» au projet présenté jeudi par la firme Gazoduq. En anglais, il l'a qualifié de «très intéressant».

«C'est un projet très, très important où on parle de milliers d'emplois payants», a convenu le premier ministre.

«Évidemment, il y a des discussions à avoir avec les représentants de certaines nations (autochtones), a-t-il toutefois tempéré. Il y a des discussions à avoir pour faire toute l'évaluation environnementale des impacts. Donc on va respecter toutes ces étapes.»

Cela dit, il s'attend à ce que le promoteur obtienne l'appui des communautés autochtones touchées par le projet.

«Que ce soit un transport de gaz, que ce soit des mines, que ce soit dans le secteur des forêts, des barrages, l'éolien, c'est difficile de penser faire des projets sans avoir une entente avec certaines nations», a indiqué M. Legault.

Car ses vis-à-vis ont réservé un accueil tiède au projet, qui permettrait d'acheminer

du gaz naturel de l'Ouest canadien jusqu'à Saguenay, au Québec, où un terminal de liquéfaction permettrait de l'expédier vers l'Europe. Le gazoduc traverserait le territoire ancestral de plusieurs nations, notamment les Algonquins, les Atikamekw et les Innus.

Or, a déploré le chef de l'APNQL, Ghislain Picard, le promoteur a jusqu'ici démontré son «peu de connaissances» à l'égard des droits et des revendications autochtones.

«On est tout à fait légitimés d'être méfiants, a résumé M. Picard. Il y a au moins deux chefs qui l'ont réitéré ce matin. Même dans l'engagement de ce gouvernement-ci, on hérite de l'histoire et l'histoire n'a pas été concluante sur plusieurs fronts.»

Selon lui, le projet constituera un «test» de la volonté du gouvernement de la Coalition avenir Québec de tisser les liens avec les Premières Nations. D'autant plus que cette relation a débuté sur un différend, soit l'abandon du projet éolien Apuiat impliquant la nation innue.

«Ce projet comme beaucoup d'autres projets, qui tiennent un peu du passé maintenant, la question de l'exploitation des hydrocarbures, la question d'autres projets hydroélectriques, la question de l'éolien, tout ça appartient au défi politique qui se présente à nous», a dit M. Picard.

«Délicat»

Le projet de Gazoduq est un dossier «délicat», a pour sa part convenu le grand chef de la nation Huronne-Wendat de Wendake, Konrad Sioui. Selon les plans actuels, la conduite traverserait le territoire ancestral de sa communauté.

Bien que les peuples autochtones n'ont pas un droit de véto sur des projets d'hydrocarbures comme celui-ci, ils disposent néanmoins d'un «droit de regard très, très fort», estime M. Sioui.

«Ça prend une consultation fondamentalement importante et approfondie, a indiqué M. Sioui. Après avoir été rencontrés, après avoir eu des tables de discussions, il faut donner notre aval au projet. Sinon, la cour peut, comme on l'a vu dans l'Ouest, ramener ça à la case départ et ce n'est pas bon pour personne.»