Le professeur Bernard Landry a enseigné 22 ans à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Si cette facette est moins connue du grand public, il n'en était pas moins une vedette à la faculté des sciences de la gestion. Entrons, une dernière fois, avec lui dans la salle de cours.

PREMIÈRE PARTIE

Le trimestre d'hiver 2018 débute. Quand il se terminera en avril, ce sera le dernier du professeur Landry. Mais Jean-François Payette, avec qui il coenseigne depuis quelques années, ne le sait pas encore. Même s'il constate que son « mentor et ami » semble un peu fatigué. L'amphithéâtre est rempli. Il y a 230 personnes. Normal, c'est le cours où il y a le plus d'étudiants. Comme à l'habitude, Bernard Landry fera la première partie de cette leçon de trois heures. Il est justement là, debout, à jauger l'assistance. Il s'avance pour commencer le cours. Les chuchotements cessent. Le silence se fait.

LE DEVOIR DE TRANSMETTRE

« Vous avez quelque chose que je n'aurai plus jamais, dit-il. Vous avez la jeunesse. Et moi, j'ai quelque chose que vous n'avez pas encore : l'expérience. Un jour, vous l'aurez. Aujourd'hui, j'essaie de vous la transmettre. » C'est l'introduction qu'il fait chaque fois qu'un nouveau trimestre commence. Bernard Landry adore être en classe. Et il aime communiquer avec les jeunes. Il reste d'ailleurs jusqu'à la fin de chaque cours. Parfois, il s'assoit même avec les étudiants pendant la partie de Jean-François Payette. « Enseigner, pour lui, c'était un devoir envers notre société et notre peuple », dit le chargé de cours et docteur en sciences politiques.

L'ASPECT PRATIQUE

Le professeur Landry débute toujours par un tour de l'actualité. Il passe en revue les sujets politiques, économiques, sociaux et internationaux qui font la manchette. Et il en profite pour faire des liens avec ce qu'il a vécu. Après une vingtaine de minutes, en moyenne, il s'engage sur le contenu scolaire. Son approche porte davantage sur l'aspect pratique. La théorie est surtout enseignée par M. Payette. « C'est ce qui créait notre dynamique, dit-il. On avait une véritable interaction. On échangeait même pendant le cours. Je l'interpellais sur certaines anecdotes et il me posait des questions. »

STATURE ET ÉLOQUENCE

Quand il parle de commerce international, de l'OMC ou des accords de libre-échange, le professeur Landry est dans son élément. Pas étonnant de le voir enseigner pratiquement sans notes. Et il est toujours prêt pour les questions, même si certains étudiants sont intimidés par sa stature et son éloquence. « Si vous voulez débattre, n'hésitez pas, ajoute-t-il, amusé. J'ai l'habitude, vous savez. » Les cours sont bien rodés. Toutes les semaines, les deux enseignants restent en contact. Ils se voient aussi dans leur bureau commun, avant et après la leçon, pour revoir les grandes lignes et faire le débreffage.

CONSIDÉRATION POUR LES AUTRES

Bernard Landry acceptait toujours les invitations des professeurs de l'UQAM à enseigner un volet précis dans leurs cours. Il l'a fait, notamment, pour Pierre Fortin, professeur émérite de sciences économiques. Jean-François Payette l'a aussi invité, avec des professeurs de sciences politiques avec qui il collaborait, pour parler de nationalisme et du film À hauteur d'homme aux étudiants. Il avait, pour lui, « beaucoup d'affection et un grand respect ». Une étudiante a résumé cette complicité. « Quand M. Landry parle, il y a de l'admiration dans vos yeux, lui a-t-elle dit. Et lorsque vous parlez, il y a de la fierté dans ses yeux. »

APPUI INCONDITIONNEL

Il faut dire que leur relation remonte à 2004. Étudiant, Jean-François Payette invite Bernard Landry à faire partie de son jury de mémoire de maîtrise. « Quand on est professeur, c'est pour la vie », lui répond-il en acceptant. L'année suivante, l'ex-premier ministre retourne justement à l'enseignement. Plus tard, il codirigera, avec l'ex-ministre Louise Beaudoin, la thèse de doctorat de M. Payette sur les relations internationales du Québec. Différentes tensions amènent l'étudiant à faire sa thèse à l'Université de Lyon. Ses deux codirecteurs seront d'un appui inconditionnel. Leurs efforts ont porté leurs fruits : il a obtenu le grand prix pour la meilleure thèse de doctorat soutenue par un étudiant étranger en 2016-2017 à cet établissement.

Professeur invité à l'étranger

Pendant toute la durée de sa carrière professorale, Bernard Landry a été invité dans de nombreux pays. Voici des universités où il a enseigné ou donné des conférences :

Universidad Autónoma, de Guerrero, au Mexique : 1986-1991

Université nationale, au Cameroun : 1988

Université Gamal Abdel Nasser, de Conakry, en Guinée : 1989

Université Fudan, de Shanghai, en Chine : 1990 et 2006-2012

Université Senghor, à Alexandrie, en Égypte : 2006, 2007, 2010

Aix-Marseille Université (auparavant Université de Provence), en France : 2007, 2008, 2012

Université Jean-Moulin-Lyon-III, en France : 2008-2010, 2017

Université de Rouen-Normandie, École supérieure d'économie, en France : 2013-2016

Université Le Havre Normandie, en France : 2013-2015