Alors qu'un juge de la Cour supérieure a maintenu la suspension temporaire d'un article de la controversée loi sur la neutralité religieuse prévoyant que les services gouvernementaux doivent être livrés et reçus à visage découvert, le premier ministre Philippe Couillard a choisi d'attendre d'avoir un avis juridique avant de décider de la marche à suivre.

« On va attendre la ligne juridique. Ce n'est pas une décision politique ça. C'est une décision qui doit d'abord suivre l'analyse juridique de la chose. Mais ce que cela montre, c'est qu'on est dans une zone de droit très délicate », a précisé le premier ministre lors d'une mêlée de presse à New York, vendredi.

Philippe Couillard a rappelé que le délai d'appel n'est pas écoulé et il a précisé que « la procureure générale va décider si oui ou non, on va en appel ».

Selon le juge Marc-André Blanchard, les conditions d'application de l'article 10 obligeant tout citoyen à donner ou à recevoir un service gouvernemental à visage découvert demeurent confuses et incertaines.

Refusant de concéder que cette loi amène de la confusion, le premier ministre a plutôt choisi de critiquer les partis d'opposition. « J'aimerais ça que les partis d'opposition, la CAQ et le PQ, expliquent de quelle manière leurs propositions pourraient passer le test des tribunaux, parce que leurs propositions vont bien plus loin que nous. Alors, si celle-ci est dans une zone de droit délicate comme on le voit, qu'en est-il de leurs propositions? », a-t-il demandé.

La porte-parole du Parti québécois en matière de laïcité, Agnès Maltais, a réagi aux propos de M. Couillard en après-midi, disant que son parti affirme depuis plusieurs mois qu'il faut inscrire la laïcité dans la charte des droits et libertés du Québec, comme cela s'est fait en Europe. Ainsi, dit-elle, on donnerait un cadre à l'analyse que les juges font des droits de la personne.

« Inscrire la laïcité dans la charte des droits et libertés permet de regarder des lois comme celle sur le visage découvert actuellement, qui a été proposée par le premier ministre, d'une façon différente pour les juges. On donne un cadre à la compréhension des lois, on donne un cadre à la façon dont on veut vivre au Québec, et c'est la laïcité », avance-t-elle.

« Il aurait suffi que le premier ministre accepte notre proposition (...), et d'après nous, l'interdiction du visage couvert pour donner ou recevoir des services de l'État aurait été acceptée. »

Le premier ministre Couillard est en visite à New York jusqu'à dimanche.

Couillard poursuit sa croisade contre le protectionnisme à New York

Sept ans après Jean Charest, le premier ministre Philippe Couillard a reçu à son tour jeudi soir un prestigieux prix de la Foreign Policy Association pour sa contribution aux relations entre les États-Unis et le Québec.

Si le premier ministre s'est dit « extrêmement honoré » par cet hommage du groupe de réflexion new-yorkais, son discours de remerciement n'avait toutefois rien de triomphant. Il a plutôt profité de l'occasion pour faire un nouveau plaidoyer contre le protectionnisme et les tarifs douaniers imposés des deux côtés de la frontière canado-américaine.

« Au lieu de se faire une guerre de tarifs en Amérique du Nord, on devrait peut-être plutôt s'allier pour faire face au plus grand défi du commerce mondial, notamment la situation avec la Chine », a plaidé le premier ministre.

Reconnaissant qu'il est très difficile de faire passer un tel message jusqu'au président Donald Trump, le premier ministre compte utiliser son passage à New York pour promouvoir son point de vue auprès des médias américains.

Comme souvent, il va rencontrer la presse économique traditionnelle, comme le groupe Bloomberg, mais cette fois, Philippe Couillard doit également participer à une émission de radio très à droite sur l'échiquier politique : The John Batchelor Show, sur WABC.

WABC est la radio qui diffusait notamment des commentateurs comme Rush Limbaugh ou Sean Hannity, qui sont extrêmement controversés aux États-Unis, mais qui ont l'oreille du président américain.

Selon Philippe Couillard, qui reconnaît craindre les impacts d'une guerre commerciale entre les deux pays, « il est important de maintenir des contacts incessants », que ce soit avec des membres du cabinet Trump, des membres du Congrès et, même des journalistes.

Outre ces rencontres médiatiques, le premier ministre québécois doit discuter avec des entrepreneurs québécois à New York dans le cadre d'une importante foire alimentaire, le Fancy Food Show.