La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, se défend de vouloir tenir un référendum qu'elle est certaine de remporter tout en faisant valoir que les membres du parti ont déjà entériné sa vision des choses à trois reprises.

«Le référendum, c'est le moyen le plus démocratique (pour consulter) tous les membres sur l'évolution de la mission du Bloc québécois qu'ils ont déjà adoptée, mais qui a été remise en question par la crise qu'on vit actuellement», a-t-elle expliqué en entrevue.

Le bureau national du parti a soumis, jeudi, une proposition en trois temps: devancer le prochain conseil général, proposer aux délégués un référendum pour consulter l'ensemble des 20 000 membres du parti et réitérer l'offre de médiation aux sept députés dissidents.

Martine Ouellet espère ainsi régler une bonne fois pour toutes la crise qui secoue le Bloc québécois depuis le départ de sept de ses dix députés il y a un peu plus d'une semaine. Ceux-ci avaient alors remis en question son leadership et lui avaient reproché son intransigeance. Il s'agit de Michel Boudrias, Rhéal Fortin, Simon Marcil, Monique Pauzé, Louis Plamondon, Gabriel Ste-Marie et Luc Thériault.

L'ex-chef du parti Gilles Duceppe, d'ex-députés et des associations de comté ont par la suite réclamé sa démission. D'autres voix ont suggéré qu'elle se soumette à un vote de confiance devancé. Le prochain doit avoir lieu en mai 2019, soit dans 14 mois.

Martine Ouellet se défend de vouloir organiser un référendum pour éviter un vote de confiance hâtif. «On ne règle pas une question de mission par un vote de confiance», a-t-elle dit.

La chef bloquiste soutient que la crise trouve plutôt son origine dans l'affrontement entre deux visions sur le rôle du Bloc québécois, comme véhicule de promotion et de préparation de l'indépendance ou comme défenseur des intérêts du Québec. Martine Ouellet maintient que le parti peut faire les deux tout en mettant l'accent sur la première approche.

«Je ne suis pas venue au Bloc québécois pour améliorer le Canada. Le Canada est très bien capable de s'occuper de ses affaires», a-t-elle affirmé.

«C'est vraiment ça l'enjeu. C'est de dire qu'on va travailler dans une perspective de l'avènement de l'indépendance du Québec, de la République du Québec, plutôt de fonctionner à l'intérieur du système actuel», a-t-elle ajouté.

Elle accuse les sept dissidents de ne pas avoir respecté le vote des membres qui ont adopté le programme du parti lors de leur dernier congrès en 2014, qui ont élu Mario Beaulieu comme chef du Bloc québécois un mois plus tard et qui l'ont couronnée il y a près d'un an. En vertu de l'article 1 du programme, l'aile parlementaire du Bloc québécois se doit de faire «la promotion de l'indépendance sur toutes les tribunes».

«Il y a la démocratie qui s'est déjà exprimée, mais semble-t-il que cette démocratie-là n'a pas été suffisante pour les démissionnaires et qu'ils ont décidé d'aller sur la place publique malgré la volonté des membres du Bloc québécois», a-t-elle critiqué en ajoutant qu'ils résistaient à l'évolution de la mission du parti.

Les dissidents avaient pourtant réitéré jeudi leur foi indépendantiste par communiqué et avaient accusé Martine Ouellet d'être dans le déni. Ils réagissaient alors à cette nouvelle proposition de référendum.

Pour la chef, ce sont plutôt eux qui ne se rendent pas à l'évidence. «Il ne faut pas être dans le déni de 2011», a-t-elle affirmé en faisant référence à la vague orange. Lors de cette élection générale, le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait fait élire 59 députés au Québec, du jamais vu. Le nombre de députés du Bloc québécois avait fondu, passant de 45 à quatre.

«La question de seulement défendre les intérêts du Québec en 2011, ce n'était plus suffisant parce qu'il y a d'autres partis qui peuvent aussi prétendre (le faire), a-t-elle précisé. À mon avis, ils le font beaucoup moins bien que le Bloc québécois, mais défendre les intérêts du Québec dans le régime canadien, ce n'est pas là son rôle. Le rôle, c'est l'indépendance. C'est sa raison d'être. C'est ça qui fera la différence pour 2019.»

Encore faut-il que le parti puisse se relever de cette crise à temps pour s'organiser en vue de la prochaine élection fédérale. «On va traverser cette épreuve-là et on va en sortir, je crois, renforcés», a prédit la chef.

Le bureau national du parti, qui a offert son «appui indéfectible» à Mme Ouellet, tiendra une réunion samedi pour déterminer les modalités de ce référendum. Cette proposition sera ensuite soumise aux délégués lors du prochain conseil général qui sera devancé d'un mois à la mi-avril. Quoi qu'il arrive, la chef promet qu'elle respectera la majorité absolue, soit 50 pour cent des voix plus une.