Alors qu'un récent sondage place le parti de François Legault premier auprès de l'électorat francophone à Québec et dans les régions, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) ne tient « rien pour acquis » et se dit « réaliste » quant aux chances de son candidat à l'élection partielle dans Louis-Hébert.

« Je [ne tiens] rien pour acquis. On a travaillé fort et on va travailler fort dans l'année qui vient [pour présenter] notre programme. (...) On peut gagner Louis-Hébert, mais actuellement, il faut juste être réaliste. On a une grosse côte à remonter », a dit M. Legault lors d'une mêlée de presse quelques minutes avant le début de son caucus de la rentrée parlementaire, à Shawinigan. 

Lors de la dernière élection générale, en 2014, le libéral Sam Hamad avait gagné cette circonscription en obtenant près de 50% des suffrages, suivi de la CAQ à 26 % et du PQ à 18 %. François Legault a annoncé à la mi-août que son candidat cette fois-ci sera le banquier de carrière Normand Sauvageau, alors que le Parti libéral mise sur l'ancien président-directeur général des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Éric Tétrault.  

« Je pense qu'on a des chances de gagner Louis-Hébert, mais en même temps, il faut juste comprendre que si on gagnait [cette circonscription], ça veut dire qu'on se dirigerait [à la prochaine élection générale] vers le balayage de 80 à 90 comtés au Québec », a ajouté M. Legault.

La date de l'élection partielle n'a toujours pas été annoncée. 

Santé, économie et immigration 

S'il croit que l'enjeu de la prochaine campagne électorale ne sera pas l'immigration et la question de l'afflux de réfugiés à la frontière entre le Québec et les États-Unis, François Legault est toutefois revenu sur cet enjeu, à l'entrée de son caucus, affirmant que le premier ministre Philippe Couillard devrait envoyer un message clair que si une personne qui demande le statut de réfugié n'est pas en situation de danger dans son pays, sa demande sera rejetée. 

« Il y a des gens qui entre [au pays] de façon régulière, c'est-à-dire qu'ils font la demande, qui est ensuite analysée selon plusieurs critères, à savoir parlent-ils français, ont-ils un emploi, ont-ils les compétences pour avoir un bon emploi au Québec. Ensuite, il y a ceux qui entrent de façon illégale - je comprends qu'ils ne sont pas pour autant illégaux [sur le territoire] - mais ils entrent de façon illégale », a dit le chef caquiste alors qu'il répondait à une question en anglais.

« Ces personnes doivent prouver que leur vie est en danger et M. Couillard devrait dire ça publiquement. Si vous ne pouvez pas prouver que votre vie est en danger dans votre pays d'origine, nous ne vous accepterons pas », a poursuivi François Legault. 

Sonia LeBel courtisée dans plusieurs circonscriptions 

En choisissant de faire son caucus de la rentrée en Mauricie, la CAQ espère envoyer un signal aux électeurs de la région que le parti est une voix de rechange pour ceux qui seraient déçus du bilan des libéraux, alors que le gouvernement de Philippe Couillard détient tous les sièges des cinq circonscriptions de la région. 

« La situation actuelle est excellente pour [qu'on ait un gouvernement] de la CAQ. On le sait, le vote francophone est très important pour déterminer qui va être au gouvernement. Actuellement, on est premier chez les francophones, donc ça va très bien, mais je ne [tiens] rien pour acquis », a dit le chef caquiste, commentant les plus récents sondages. 

Questionné à savoir si sa chef de cabinet adjointe, l'ex-procureure en chef de la commission Charbonneau Sonia LeBel, pourrait être candidate dans la région, M. Legault a répondu qu'il n'avait rien à annoncer pour l'instant.

« Je sais qu'il y a des gens de la Mauricie qui voudrait faire campagne avec Sonia LeBel, mais je sais aussi qu'il y a des gens de plusieurs ''comtés'' en Montérégie qui voudraient aussi l'avoir comme candidate. Je n'ai pas pris de décision et je n'ai rien à vous annoncer », a répondu le chef de la CAQ. 

Cette première journée de caucus se déroulera toute la journée, lundi, à Shawinigan. Au menu aujourd'hui, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, sera entre autres de passage pour présenter aux députés de la CAQ les défis que vivent les infirmières dans le cadre de leurs fonctions.

Le Québec a les pires urgences en occident, dit la CAQ dans une pub

Il n'y a eu aucune amélioration dans le système de santé québécois en 15 ans, ont déploré tour à tour le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) et la présidente du syndicat représentant les infirmières, lundi.

«C'est vraiment plus difficile dans le réseau de la santé, a déclaré Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Je ne peux pas dire que ça s'est amélioré.»

Mme Laurent a illustré son propos en affirmant qu'en Abitibi, on prévoyait couper 110 lits sur 430. «Pas besoin de vous dire la grandeur de l'Abitibi. Qu'est-ce que ça va vouloir dire pour les services?», a demandé celle qui prendra bientôt sa retraite, après près d'une décennie passée à la tête de la FIQ.

Les projets de loi 10 et 20 du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ont récemment aboli les agences régionales et imposé de nouvelles obligations aux médecins. Leur objectif est de simplifier l'accès aux soins et aux services.

Selon le ministère de la Santé, environ 76 pour cent des Québécois ont maintenant accès à un médecin de famille. La cible établie est de 85 pour cent d'ici le 31 décembre 2017.

Mme Laurent était à Shawinigan lundi pour rencontrer les troupes caquistes dans le cadre de leur caucus présessionnel.

Elle rencontrera aussi les députés du Parti québécois cette semaine, et ceux de Québec solidaire en septembre.

C'est que les caquistes ont fait de la santé le thème principal de leur première journée de caucus. En point de presse lundi, le chef de la CAQ, François Legault, a martelé que le premier ministre Philippe Couillard et M. Barrette avaient tous deux échoué à mettre fin à l'attente en santé.

«La santé, c'est le plus grand échec du gouvernement libéral et c'est l'échec personnel de Philippe Couillard», a-t-il déclaré.

M. Legault a annoncé que son porte-parole en matière de santé, François Paradis, entreprendra prochainement une tournée de plusieurs régions du Québec afin d'échanger avec les acteurs du réseau de la santé et bonifier la plateforme électorale du parti.

Publicité négative

Plus tôt dans la journée, la CAQ a profité de l'ouverture de son caucus présessionnel en Mauricie pour lancer une publicité négative destinée aux réseaux sociaux sur le thème de la santé.

La publicité d'une minute s'en prend au gouvernement Couillard, en affirmant que «les urgences du Québec sont les pires en Occident», que «nos aînés n'ont pas droit à plus d'un bain par semaine», que «même les détenus sont mieux traités» tandis que «les familles, elles, attendent des heures et des heures pour faire soigner leurs enfants».

Le slogan libéral «Ensemble, on fait avancer le Québec» devient dans la publicité: «Ensemble, on fait reculer le Québec».

M. Paradis a défendu la publicité en mêlée de presse, la qualifiant de «beau message». «Ce message (...) dit aux gens: Regardez le constat, pensez à vos parents, pensez aux aînés, pensez à l'hygiène, pensez aux sujets prioritaires depuis trois ans, rien n'a été fait, ce n'est pas normal», a-t-il dit.

Pour sa part, M. Legault a dit s'attendre à ce que les Québécois qui ressentent de la «grogne» se tournent vers son parti aux prochaines élections.

- PC