Martine Ouellet accuse le chef intérimaire du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, de s'ingérer dans la course à la direction et de « restreindre » sa liberté de parole tandis que circule une publicité du PQ où elle ne figure pas.

La Presse rapportait le 16 septembre que la candidate et députée de Vachon avait été rappelée à l'ordre par M. Gaudreault lors d'une réunion du caucus au Domaine Cataraqui, à Québec.  

M. Gaudreault a d'abord relevé que Mme Ouellet, sans avoir eu le feu vert de qui que ce soit, avait participé le 16 août dernier à une conférence de presse commune avec Manon Massé, de Québec solidaire, pour attaquer le projet de loi 106 visant à créer TransÉnergie Québec en compagnie de quelques groupes opposés à l'exploitation des hydrocarbures. Elle n'est pas responsable du dossier des ressources naturelles, mais bien des transports.

Par la suite, M. Gaudreault a rappelé que plusieurs collègues étaient froissés de se voir qualifier de « provincialistes », une épithète qu'elle dirige à répétition vers ceux qui sont moins pressés de déclencher un référendum sur la souveraineté. Le chef intérimaire a également soutenu qu'aucun député péquiste ne l'avait huée lors du débat des candidats à Sherbrooke, dimanche dernier. Mme Ouellet avait affirmé avoir été la cible de quolibets quand elle avait attaqué Alexandre Cloutier pour son appui au contrat de prospection pétrolière à Anticosti par le gouvernement Marois.

Le chef intérimaire lui a également reproché une sortie pour réclamer la démission du ministre Gaétan Barrette au sujet des propos liés à l'attentat à la soirée électorale du Parti québécois au Métropolis, en 2012.

« C'est inacceptable cette ingérence dans la course à la chefferie », a lancé Mme Ouellet lors d'une mêlée de presse mardi, jour de rentrée de l'Assemblée nationale. Le chef intérimaire veut « restreindre ma liberté de parole à certains dossiers ».

Or « c'est normal que comme candidate à la chefferie je prenne position sur un ensemble de dossiers ». Elle s'étonne que les blâmes faits à son endroit par M. Gaudreault se soient retrouvés sur la place publique. Elle se dit clairement « ciblée ».

« Les membres (du PQ) sont tannés de l'influence indue et de la mainmise de l'establishment sur le parti », a-t-elle soutenu, précisant que le chef intérimaire fait partie de ce clan. « La façon que ça procède actuellement, ça va trop loin. »

« Je crois que (M. Gaudreault) devrait plutôt parler aux deux collègues (Cloutier et Lisée) qui ont fait beaucoup plus de tort au Parti québécois » avec leurs échanges acrimonieux des derniers jours.

Ouellet absente d'une publicité

Martine Ouellet se dit par ailleurs « surprise » de son absence dans une publicité du Parti québécois. Cette campagne s'inspire du « Nous sommes Canadiens » de l'équipe de hockey montréalaise. Vingt-quatre députés, dont deux de ses adversaires de la course à la direction, Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée, disent « Nous sommes Parti québécois », après un bref message du chef intérimaire.

Mme Ouellet dit avoir participé à une prise de photos, mais pas au tournage de la vidéo faite lors de la réunion du caucus à Gatineau le mois dernier. « Je n'ai pas refusé, j'ai demandé des explications sur le concept. Je n'en ai pas eues. J'ai demandé : est-ce que je pourrais dire "Je suis indépendantiste" ? Ils m'ont dit peut-être que ce serait possible. Mais finalement, ça ne s'est pas conclu. C'est resté en suspens », a-t-elle expliqué. « Je trouve ça ordinaire de voir cette vidéo qui est sortie sans ma participation. » Cette histoire « donne l'impression » qu'on cherche à l'écarter, selon elle.

Au PQ, on soutient plutôt que Mme Ouellet n'a pas voulu se prêter au scénario proposé et qu'elle tenait à dire « Je suis indépendantiste ». On qualifie Mme Ouellet de « chef des caribous » dans les officines péquistes.

La députée dit avoir « l'intention de (se) présenter sous la bannière du Parti québécois en 2018 ». C'est « tout à fait » farfelu de penser qu'elle pourrait faire le saut à Option nationale ou encore à Québec solidaire, a-t-elle indiqué.

- Avec la collaboration de Denis Lessard

Sur sa page Facebook, le PQ explique que quatre députés, dont Mme Ouellet, n'ont pu participer au tournage de la vidéo et qu'on se reprendra la prochaine fois.