Les négociations entre Québec et Uber achoppent à quelques heures de l'expiration du délai fixé pour convenir d'un projet-pilote.

Le ministre des Transports Laurent Lessard a prévenu la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) de faire appliquer la loi 100 à compter de minuit. Les chauffeurs d'UberX risquent ainsi la suspension de leur permis, la saisie de leur véhicule et des amendes salées. Dans une note envoyée à ses usagers et à ses chauffeurs, mardi matin, Uber a indiqué qu'elle devrait stopper ses activités si elle est incapable d'en arriver à une entente d'ici minuit. 

Il reste encore quelques heures pour convenir d'un projet-pilote permettant à Uber d'opérer au Québec sous certaines conditions, mais, à entendre M. Lessard, les chances sont bien minces.

Uber et le gouvernement ont échangé des propositions, mais « depuis ce temps-là, ça tourne un peu en rond », a reconnu le ministre à son arrivée à la réunion du caucus libéral pour préparer la rentrée parlementaire, mercredi. « Pour l'instant, il n'y a pas matière à évolution. Ça reste difficile. »

À ce stade-ci, les représentants du gouvernement « ne négocient pas ». Mais « les canaux sont ouverts », selon Laurent Lessard. « On maintient toujours le dialogue parce qu'on essaie de trouver une alternative. »

« On est dans une période difficile, sauf que j'ai indiqué à Uber : "Je connais la destination finale". Il y a une loi qui a été adoptée et qui fait en sorte qu'à minuit, il y a application de la loi. J'ai dû rencontrer la SAAQ en leur disant : vous ne pouvez pas faire semblant que la loi n'existe pas » et qu'elle doit être mise en application.

Certes, Uber a accepté de prélever des taxes et de payer des impôts. Mais « honnêtement, s'il y en a qui pensait que c'était une grosse avancée... ça n'en est pas une », a dit M. Lessard. C'était pour le gouvernement un préalable essentiel.

Pour Laurent Lessard, « la vraie difficulté » dans les pourparlers, c'est qu'Uber ne veut aucune limitation à l'offre additionnelle de transport qu'elle souhaite introduire dans le marché québécois. Elle veut que ses chauffeurs soient libres d'offrir leur service où et quand ils le veulent. « On est ouvert à un certain modèle, mais j'ai dit à Uber : "Vous voulez faire les hamburgers de McDonald's, les hamburgers de Burger King, les hamburgers de Harvey's et vous voulez faire en plus vos propres hamburgers. Donc quand tu veux faire tous les hamburgers, il y a peut-être un problème avec ceux qui en ont déjà" », a expliqué Laurent Lessard. Québec veut préserver l'équité avec les chauffeurs de taxi actuels. Il souhaite « donner de l'ouverture » à un nouveau modèle « sans scrapper tout ce qu'il y a », a résumé le ministre. « Le modèle d'Uber, c'est : pas de limite. Nous, on dit que si personne a des limites, ça veut donc dire qu'il y a moins de travail pour les autres. » Il tient à ce qu'Uber accepte de détenir les « permis nécessaires », de faire inspecter ses véhicules, de procéder à la vérification des antécédents judiciaires, par exemple.

Mardi, le premier ministre Philippe Couillard se disait « assez optimiste » d'en arriver à une entente avec Uber. Il s'est fait plus nuancé mercredi. « On négocie encore avec eux. On a des principes très clairs en termes d'équité et on va garder ces principes-là. Actuellement, à ce que je sache les canaux de communication sont ouverts », a-t-il soutenu.