La Commission-Jeunesse du Parti libéral veut à son tour faire pression sur le gouvernement Couillard pour qu'il légalise Uber. Elle présentera une résolution en ce sens au conseil général de ce week-end, et son président appelle Québec à retarder le dépôt du projet de loi pour encadrer ce service de transport.

Le gouvernement Couillard présentera aujourd'hui un projet de loi très attendu pour régir l'industrie du taxi. La Presse a révélé que Québec imposera une série d'obligations et de frais aux chauffeurs d'Uber, si bien que ce projet de loi devrait sonner le glas des activités de l'entreprise au Québec.

En entrevue, le président de la Commission-Jeunesse du PLQ, Jonathan Marleau, presse le gouvernement de retarder le dépôt du projet de loi. « D'après ce qui a filtré dans les médias et d'après ce qu'on a pu entendre, ce serait essentiel », a-t-il dit.

La Commission n'est ni anti-taxi ni pro-Uber, dit M. Marleau. Il souhaite que Québec trouve une solution équitable qui permettrait à des entreprises semblables d'exister tout en maintenant certains privilèges pour l'industrie du taxi. Faute de quoi, dit-il, Québec enverra un message de fermeture en matière d'innovation.

UN « PHÉNOMÈNE IRRÉVERSIBLE »

Les membres du PLQ se réuniront en conseil général à Drummondville ce week-end, et la Commission-Jeunesse défendra une résolution sur l'économie de partage. Elle y présentera l'essor de plateformes comme Uber, Airbnb et AmigoExpress comme un « phénomène irréversible » et appelle le gouvernement à « permettre ces nouvelles pratiques ».

C'est l'une des 81 résolutions, que La Presse a obtenues, qui seront débattues au conseil général du PLQ. D'autres touchent le registre des armes à feu, l'immigration et la maternelle à 4 ans (voir plus bas).

La sortie des jeunes libéraux survient au lendemain de celle d'un groupe de militants du parti. Leur porte-parole, Jonathan Hamel, a sommé le gouvernement Couillard de reconsidérer sa position sur Uber. Faute de quoi il menace de provoquer des assemblées d'investiture avant les prochaines élections pour évincer les ministres des Transports, Jacques Daoust, et de l'Économie, Dominique Anglade.

Bien qu'il n'appuie pas formellement la démarche de ces militants, M. Marleau s'est bien gardé de leur jeter la pierre. Il a qualifié leur sortie de geste « très audacieux ».

COMMUNAUTÉS CULTURELLES

Les pressions sur Québec ne viennent pas seulement des partisans de l'économie du partage.

L'Association haïtienne des travailleurs du taxi a souligné hier que bon nombre de Québécois issus des communautés culturelles travaillent dans le milieu du taxi. Elle prévient que le gouvernement Couillard se mettra à dos des centaines de milliers d'électeurs s'il autorise Uber à poursuivre ses activités.

« Si le gouvernement libéral ne peut pas mettre ses culottes, nous, dans les communautés haïtienne, maghrébine et libanaise, allons entreprendre des démarches afin de faire disparaître de la carte électorale les députés libéraux », a prévenu le président de l'Association, Bernard Estimable.

Il calcule que ses membres détiennent 1750 permis de taxi dans la région métropolitaine et qu'ils ont investi au total 350 millions pour les acquérir.

DISSIDENCE

Les dissensions au sein du PLQ sur la question d'Uber ont eu des échos à l'Assemblée nationale, hier. Questionné par le député de la Coalition avenir Québec Claude Surprenant, le ministre Daoust a assuré qu'il accueillait avec ouverture un débat sur Uber.

« Le Parti libéral, c'est le parti qui tolère la dissidence, qui comprend la discussion, a déclaré le ministre. On est ouvert à ça, on n'a jamais été fermé à ça, et que les jeunes du Parti libéral décident de s'inscrire dans le débat, on est parfaitement ouvert à ça. »

La ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, Dominique Anglade, a pour sa part assuré ne pas craindre pour son siège.

« On est vraiment très unis sur le dossier d'Uber », a-t-elle assuré.

Quatre résolutions

La Presse a obtenu les résolutions qui seront débattues par les membres du Parti libéral ce week-end. En voici quatre.

RENONCER AU REGISTRE

Le gouvernement Couillard doit renoncer à créer un registre québécois des armes à feu, soutiennent des militants libéraux. Dans une résolution qu'elle soumettra aux membres, l'association de la circonscription de Johnson fait valoir qu'il est impossible de mettre sur pied des systèmes informatiques efficaces à coût raisonnable. « Je souhaiterais que, sur le plancher, il y ait une vague d'appuis à cette résolution qui fasse réfléchir le gouvernement et qui le fasse reculer », explique le parrain de la résolution, Léonard Caya.

RESTREINDRE LES POUVOIRS DU CHEF

Il est de pratique courante pour le PLQ de « réserver » des circonscriptions pour des candidatures de prestige. Mais certains militants souhaitent que cette prérogative soit limitée à 10 circonscriptions. Cette proposition permettrait de renforcer le pouvoir des militants, estime Antoine Atallah, président de la Commission politique régionale des Laurentides, qui pilote l'initiative. « De plus en plus, il y a une demande, autant de la part de la population que des membres, de s'approprier les structures du parti », a-t-il souligné.

MATERNELLE À 4 ANS

Des militants du PLQ s'inspirent de la Coalition avenir Québec. L'association libérale de Nelligan propose dans une résolution de rendre la maternelle obligatoire et d'abaisser l'âge d'admissibilité à 4 ans.

PLUS D'IMMIGRANTS

La Commission des communautés culturelles du PLQ propose de hausser le nombre d'immigrants admis au Québec. Elle souhaite que leur nombre soit proportionnel au poids de la population québécoise dans le Canada. Si la résolution est adoptée, elle engagerait Québec à accueillir environ 60 000 nouveaux arrivants. Le gouvernement compte recevoir 50 000 immigrants en 2016.