Si le Parti québécois est le parti des travailleurs qu'il prétend être, son chef Pierre Karl Péladeau doit appuyer les revendications du front commun des employés de l'État, estime le président de la CSN, Jacques Létourneau.

La semaine dernière, en marge d'une réunion de son caucus à Rimouski, M. Péladeau n'a pas voulu dire si les employés de l'État et leurs syndicats peuvent compter sur son appui dans leurs demandes pour le renouvellement des conventions collectives. «Nous ne sommes pas aux tables de négociation, alors c'est impossible de répondre à cette question», disait-il en conférence de presse.

Si M. Péladeau maintient cette position, «ça enverrait un très mauvais signal», selon M. Létourneau. Au PQ, «ils ont la prétention d'être un parti de la classe moyenne, un parti de travailleuses et de travailleurs. Et ce n'est pas nous qui le disons, c'est eux qui le disent. On a même vu M. Péladeau dans des manifestations d'appui syndical, notamment dans son comté de Saint-Jérôme. On ne verrait pas pourquoi le chef du PQ ne serait pas capable d'appuyer les travailleuses et les travailleurs du secteur public dans le cadre de la négociation.»

Questionné pour savoir si le passé de M. Péladeau comme employeur peut expliquer son refus de prendre position, Jacques Létourneau a reconnu que le chef péquiste «n'a pas une grande réputation pro-syndicale». «En matière de relations de travail, ce n'était pas l'employeur le plus exemplaire. On va espérer qu'il a évolué», a-t-il dit.

Le virage progressiste de M. Péladeau le laisse perplexe. «Quand tu regardes l'histoire de M. Péladeau, on peut toujours douter de ce virage-là.»

«À la CSN, on a déjà eu un passé assez tumultueux et difficile avec M. Péladeau. En même temps, il n'est plus chef d'entreprise, il est chef du principal parti d'opposition. Mais c'est clair qu'on va demander au Parti québécois d'appuyer les travailleuses et les travailleurs du secteur public», a-t-il ajouté.

Le président de la CSN entend solliciter un entretien avec M. Péladeau à ce sujet. Il a eu une rencontre avec ce dernier depuis son accession à la tête du PQ. Ils ont échangé sur «l'économie et la question nationale». «La première prise de contact ne s'est pas mal passée. Ça a été correct et cordial. Ce n'était pas négatif comme rencontre. Mais c'est à la pratique qu'on va voir comment le PQ va se placer», a dit M. Létourneau.

Son homologue à la FTQ, Daniel Boyer, veut lui aussi que M. Péladeau prenne position en faveur du front commun. «Je souhaite qu'il nous appuie éventuellement. Et s'il a besoin d'explications, on est prêts à lui en donner», a-t-il affirmé.

Le front commun demande à ses membres de lui donner le mandat de déclencher six jours de grève, tournante ou nationale, si les négociations avec le gouvernement s'enlisent. Jusqu'ici, Québec campe sur ses positions, note-t-il. Son offre salariale «ne passe pas, donc on devra probablement exercer les moyens de pression», a reconnu le président de la FTQ, Daniel Boyer.

La dernière fois que le front commun a fait la grève, c'était en 2005. Et le gouvernement Charest avait aussitôt adopté une loi spéciale pour décréter les conditions de travail. Avec «le moyen de pression qui est la grève, on sait bien qu'on donne des munitions au gouvernement pour décréter. Mais en même temps, c'est un droit que les travailleurs et les travailleuses ont», a soutenu M. Boyer.

Le front commun tiendra une «manifestation nationale» le 3 octobre, à Montréal. Il fera également des «activités de perturbation», mais pas des «actes illégaux», a précisé M. Létourneau.

Le gouvernement offre des hausses salariales de 3 % en cinq ans, dont un gel pour les deux premières années. Le front commun réclame 13,5 % en trois ans.