Le gouvernement Couillard va finalement faire son lit. La lutte contre la radicalisation religieuse passera par l'éradication du «discours haineux», l'accès direct aux groupes fanatisés, de quelque horizon qu'ils viennent. Deux projets de loi et un plan d'action seront déposés cette semaine à l'Assemblée nationale.

Comme le premier ministre Couillard l'avait indiqué en point de presse à Rome la semaine dernière, ce sont deux - et non un seul - projets de loi qui seront déposés par la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, mercredi ou plus probablement jeudi. Depuis des mois, l'opposition péquiste réclamait le dépôt d'une politique, des demandes devenues plus pressantes encore avec le constat que de jeunes Montréalais avaient tenté de se rendre en Syrie pour grossir les rangs de l'armée du groupe État islamique.

Proscrire les discours haineux

Le premier projet visera à proscrire tout «discours haineux» du domaine public. Cette approche présente deux avantages, explique-t-on en coulisses. D'abord, le concept est déjà clairement défini dans le Code criminel canadien. En outre, le fait de viser ces outrances verbales évite de cibler une confession ou un groupe culturel en particulier; ce type de dérive peut autant venir d'un groupe néonazi ou de militants d'extrême droite que de musulmans radicalisés.

Le projet de loi voudra aussi proscrire les mariages forcés et les crimes d'honneur, des intentions qui vont de soi - ces deux situations sont déjà interdites par la loi.

L'autre projet de loi de Me Vallée est prévisible depuis longtemps: on voudra assurer la neutralité de l'État.

La seule contrainte sera que tous les échanges avec le gouvernement ou ses mandataires devront se faire à visage découvert. On balisera aussi, comme prévu, les accommodements raisonnables pour simplifier les relations entre les communautés.

Finalement, on annoncera un plan d'action pour la lutte contre le radicalisme, sous la responsabilité de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault.