Le «cycle de manger mou sur la souveraineté» est révolu, le Parti québécois doit présenter aux électeurs une vision cohérente d'un éventuel Québec indépendant, a affirmé le député Alexandre Cloutier, lundi, en annonçant qu'il veut succéder à Pauline Marois.

Le député de Lac-Saint-Jean est devenu lundi le quatrième candidat à la direction de la formation souverainiste avec Bernard Drainville, Martine Ouellet et Pierre Céré. Et il s'est montré particulièrement critique du PQ, qui a «perdu ses repères» et qui a «brisé» le lien de confiance qui l'unissait aux Québécois.

«Les gens ont de la difficulté à savoir précisément qu'est-ce que c'est, le Parti québécois, a-t-il dénoncé. Les contours ne sont plus clairs pour la population.»

Un projet clair

À ses yeux, les résultats dévastateurs de l'élection du 7 avril - le PQ a obtenu 25% des suffrages - ont marqué une «fin de cycle» pour la formation politique.

«Un cycle de manger mou sur la souveraineté, un cycle d'ambiguïté, un cycle de flottement, a décrit M. Cloutier. On doit assumer pleinement qui on est et expliquer aux Québécois quelle est la définition même de notre projet.»

Il appelle les militants péquistes à retourner à la planche à dessin et à se doter d'une vision cohérente d'un éventuel pays. Les sympathisants du Bloc québécois, de Québec solidaire et d'Option nationale seront invités à la discussion.

M. Cloutier cite en exemple le désaccord entre Jean-François Lisée et Pierre Karl Péladeau sur les questions de l'armée québécoise ou du dollar canadien dans un Québec indépendant. Il s'agit d'une preuve que le PQ est mal préparé à réaliser son objectif, dit-il.

«Chacun y va de sa propre vision personnelle. Ce qui nous manque, c'est une vision collective qui rassemble l'ensemble des souverainistes.»

Quant à la mécanique référendaire, M. Cloutier a déjà indiqué qu'il souhaite tenir une consultation sur l'indépendance dans un premier mandat péquiste. Mais pas avant qu'un million de Québécois aient signé un registre officiel.

Le député compte dévoiler les détails de sa plateforme au cours des prochains mois, mais il établit déjà trois thèmes susceptibles de rejoindre l'électorat. Il s'agit du pouvoir d'achat, jadis le cheval de bataille de René Lévesque, de la famille et de l'éducation.

Le plus jeune

Âgé de 37 ans, Alexandre Cloutier est le plus jeune candidat à la direction du PQ. C'est aussi le seul à détenir un doctorat, qu'il a décroché à la prestigieuse Université Cambridge.

Selon un sondage CROP-La Presse publié ce week-end, il a toutefois une forte pente à remonter s'il espère remporter la course.

Cette enquête a résolument placé Pierre Karl Péladeau dans le siège du favori: 28% des électeurs sont plus susceptibles de voter pour le PQ s'il devient chef. Bernard Drainville (8%), Martine Ouellet (7%), Jean-François Lisée (6%) et Alexandre Cloutier (5%) sont tous loin derrière.

M. Cloutier ne se formalise pas de ce «défi de notoriété». Il souligne que Régis Labeaume était pratiquement inconnu au moment de se lancer dans la course à la mairie de Québec et cela ne l'a pas empêché de remporter trois élections.

L'élection du nouveau chef du PQ n'aura lieu qu'en mai, souligne-t-il, ce qui lui laisse beaucoup de temps pour faire connaître ses idées.

«Je pense que le temps est pour moi un allié», a-t-il résumé.

PKP: une «erreur de bonne foi»

À l'instar de Bernard Drainville, Alexandre Cloutier estime que Pierre Karl Péladeau a commis une «erreur de bonne foi» lorsqu'il est intervenu en commission parlementaire dans le dossier de la vente de Vision Globale.

«C'est évident que, s'il n'y avait pas de problème, il n'aurait pas lui-même interpellé le commissaire à l'éthique, a indiqué M. Cloutier. Il a eu le bon réflexe, qui est celui de se tourner vers les personnes responsables pour être mieux guidé pour la suite des choses.»

M. Péladeau n'a pas confirmé sa candidature à la direction du PQ. Jean-François Lisée, qui a lancé le débat sur les avoirs du magnat de la presse, ne s'est pas formellement lancé non plus, bien que ses propos en entrevue à L'actualité portent à croire qu'il le fera. Quant à l'ex-ministre des Finances Nicolas Marceau, il est toujours en réflexion.