Le gouvernement Couillard a reporté un vote sur la création d'une commission parlementaire sur le cas de Pierre Karl Péladeau, jeudi. Et le Parti québécois a présenté sa propre proposition pour répondre aux préoccupations soulevées par la présence à l'Assemblée nationale du magnat de la presse.

Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, a proposé mercredi une motion qui saisirait une commission parlementaire du cas de M. Péladeau. Cette initiative a été décriée comme un «cirque partisan» par le PQ, qui a accusé ses adversaires de vouloir évincer l'actionnaire de contrôle de Québecor de l'Assemblée nationale.

Le gouvernement libéral a finalement reporté le vote sur la motion.

Au même moment, le PQ a déposé sa propre motion, qui propose de confier le cas de « PKP » à un comité de travail plutôt qu'à une commission parlementaire. Le panel entendrait les témoignages de l'ensemble des entreprises de presse, notamment Québecor Média, Radio-Canada, Cogeco et Gesca, propriétaire entre autres de La Presse.

Le chef par intérim, Stéphane Bédard, souhaite ainsi élargir le débat et empêcher la partisanerie de teinter les résultats de l'exercice.

«Contrairement aux libéraux, aux caquistes et aux solidaires, notre but n'est pas d'exclure un député de l'Assemblée nationale, a indiqué M. Bédard. Le but, c'est qu'on s'intéresse à la vraie question, celle de l'indépendance journalistique.»

Les libéraux ont accueilli avec ouverture la motion péquiste. À l'Assemblée nationale, le premier ministre Philippe Couillard y a vu la preuve que le PQ convient qu'un groupe d'experts doit réfléchir à «la relation entre les médias et l'exercice de la démocratie ou du gouvernement».

«Je les félicite pour leur recul, il faut le souligner, qui était justifié», a-t-il ironisé.

Selon lui, toutefois, l'étude du cas de M. Péladeau devra conserver «une petite touche parlementaire».

Le leader parlementaire des libéraux, Jean-Marc Fournier, s'est dit ouvert à négocier une solution avec le PQ. Mais il juge que la motion défendue par M. Bédard ne répond pas adéquatement aux préoccupations soulevées par la présence de M. Péladeau à l'Assemblée nationale.

«La chose qui est importante, c'est qu'il y ait une audition publique par des experts qui vienne parler de cette situation, a-t-il indiqué. C'était l'élément le plus important et, ce matin, cet élément est obtenu. Le reste, c'est des détails qu'on va régler.»

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, juge les deux motions valables. Son parti est ouvert à les appuyer, quitte à tenir deux forums parlementaires distincts sur le cas de M. Oéladeau.

«Il y a des questions qui se posent sur l'indépendance des médias, a-t-il indiqué. C'est vivre sur une autre planète que de ne pas se préoccuper de l'indépendance des médias face au pouvoir politique.»