Après le coup de tronçonneuse dans les structures du réseau de la santé, le gouvernement Couillard se tourne vers l'écheveau compliqué des interventions de Québec en matière de développement régional. Un coup de balai important sera annoncé sous peu, une réorganisation à la suite de laquelle les conférences régionales des élus (CRÉ) seront réduites à leur plus simple expression.

Les annonces devraient même débouler dès cette semaine, après que les députés libéraux auront été mis au parfum de l'opération, assez délicate en région, décidée par le gouvernement Couillard. Les intentions doivent être communiquées cette semaine aux réseaux par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau.

On dénombre plus de 400 organismes de toutes farines qui font du développement en région. Toutes ces structures ont pris de l'embonpoint avec les années. «Elles se chevauchent, se concurrencent, offrent les mêmes services, servent souvent les mêmes clientèles», a confié une source proche de ce réalignement.

Fruit de cette «révision complète des interventions de développement régional»: au moins 50 millions d'économies annuelles pour le gouvernement. Les budgets que déversent ces organismes (plus de 120 millions pour les CRÉ à elles seules) demeureront néanmoins. «Les fonds d'aide seront maintenus, l'exercice est identique à celui annoncé en santé: réduire les structures au maximum tout en maintenant l'assistance aux entrepreneurs.»

Exit les CRÉ

Première cible: les CRÉ, une structure créée par le gouvernement Charest en 2004, où siègent les maires et préfets de MRC d'une région donnée, seront à toutes fins utiles abolies. Elles devaient à l'origine s'occuper de «concertation» pour le développement économique sur le plan régional, mais au fil des années, les différents conseils d'administration sont partis dans toutes les directions - les projets touchent désormais des questions aussi disparates que l'environnement et l'intégration des immigrants.

Au réseau des CRÉ, on soulignait hier ne pas connaître le nombre total d'employés dans les organismes. Il y en a par exemple près de 100 pour la CRÉ de Montréal, 31 en Gaspésie, 25 en Abitibi, 15 au Saguenay et 14 en Mauricie.

L'éphémère gouvernement péquiste avait l'intention de sabrer ce réseau - le Vérificateur général du Québec avait, en 2011, critiqué sévèrement la reddition de comptes de ces organismes. Mais avec un mandat minoritaire, le gouvernement Marois avait décidé de ne pas bousculer les régions.

CLD et CJE «en observation»

Les CLD qui, dans les médias régionaux, s'inquiètent des effets des compressions du dernier budget - autour de 10% - doivent s'attendre à un autre tour de vis avant la fin des ententes prévues à la fin du mois de décembre. Cette structure, mise en place par le gouvernement Bouchard en 1998, sera «repensée».

Dans le même esprit, les représentants de la centaine de carrefours jeunesse-emploi (CJE) doivent être rencontrés, aujourd'hui à Québec, pour une présentation sur les coupes à venir.

Encore là, au gouvernement, on estimait que leurs interventions concurrençaient celles d'autres organismes, des structures aussi couverte par les fonds publics.