À l'ouverture du Forum sur la lutte contre l'intimidation jeudi, le premier ministre Philippe Couillard a tapé sur les doigts de son ministre Gaétan Barrette pour la volée de bois vert qu'il a donné la veille à son prédécesseur péquiste à la Santé, Réjean Hébert.

M. Barrette a dépeint M. Hébert comme un menteur et un démagogue. Les critiques de l'ex-ministre à l'égard de la réforme des structures dans le secteur de la santé, « c'est la démagogie, de la fumisterie totale ». M. Hébert a laissé pour seul héritage politique un « tissu de mensonges », ajoutait M. Barrette.

Sa sortie a placé M. Couillard dans l'embarras, surtout qu'elle survenait juste avant l'ouverture du Forum sur la lutte contre l'intimidation. Le premier ministre préside ce forum, dont la tenue est une promesse électorale.

« Vous connaissez la personnalité de Dr Barrette. On le connaît bien, il est entier. Mais ceci dit, il n'est pas nécessaire lorsqu'on fait un discours politique de rabaisser l'autre, et je pense que le Dr Barrette en est conscient », a affirmé M. Couillard à son arrivée au Forum. « Ce n'est pas nécessaire, ça n'ajoute pas à l'argumentaire. Je pense que ça fait partie des choses qu'il fait changer dans la société. »

« Ce n'est pas le genre de discours que moi je tiens, ce n'est pas le genre de discours que je veux qu'on tienne, a-t-il ajouté. On n'aide pas l'argumentaire en s'adressant à la personne et en mettant en doute ses qualités personnelles. Ce n'est pas la bonne façon de faire le débat politique. »

« Moi, j'aime que le Dr Barrette soit énergique et passionné, j'ai besoin qu'il soit énergique et passionné, mais parfois, on va plus loin, je suppose, que la pensée voudrait nous amener. »

Lorsqu'un journaliste a rappelé que c'était une « récidive », que le ministre Barrette n'en est pas à sa première sortie du genre, M. Couillard a lancé : « On n'en fera pas tout un plat ! »

De son côté, Gaétan Barrette n'a pas voulu s'excuser. « Peut-être que le ton était exagéré, et j'en suis fort désolé si c'est le cas, mais il n'en reste pas moins que devant l'ampleur du propos (de Réjean Hébert), qui inquiétait la population, il y avait une réponse à donner », a-t-il affirmé. Le ministre a ajouté que les mots de Réjean Hébert étaient « très durs » au sujet de son projet de loi et que sa sortie était « justifiée » dans les circonstances. « Je suis d'accord avec le premier ministre que les échanges parlementaires et les échanges politiques doivent se faire sur le meilleur ton possible, mais évidemment, ça marche dans les deux sens. » Il ne croit pas que ses propos étaient une forme d'intimidation. « Je pense qu'on n'est pas dans ce territoire-là du tout », a-t-il dit.

Par ailleurs, le premier ministre a rabroué les commissions scolaires qui ont décidé de couper dans les budgets de la lutte contre l'intimidation. « Si c'est un enjeu prioritaire pour la société comme l'aide aux devoirs, je regrette, ce n'est pas acceptable de faire de coupes dans ces domaines-là. Je crois qu'il faut qu'on le comprenne et je crois qu'on devra le comprendre », a-t-il affirmé. Le comédien Jasmin Roy, qui a fait de la lutte contre l'intimidation son cheval de bataille, a également déploré ces coupes révélées par Le Soleil jeudi.