L'ancien chef du Parti québécois (PQ), André Boisclair, devra désormais travailler à temps plein et jouer un rôle-conseil auprès du gouvernement libéral pour toucher son salaire annuel d'environ 175 000 $.

Ainsi en a décidé le gouvernement libéral cette semaine, après avoir constaté que M. Boisclair avait été nommé en décembre dernier par le gouvernement péquiste avec plein salaire à la tête du Comex, tout en ne travaillant que trois jours par semaine.

Jeudi, le ministre du Développement durable et de l'Environnement, David Heurtel, annonçait que M. Boisclair agirait dorénavant à titre de conseiller spécial en environnement deux jours par semaine, tout en continuant à exercer ses fonctions au Comex le reste du temps.

L'ancien ministre péquiste recevra donc le même salaire qu'avant, mais devra travailler cinq jours au lieu de trois, tout en prodiguant ses conseils aux libéraux.

«On va rentabiliser l'emploi du temps de M. Boisclair», a fait valoir le ministre Heurtel, vendredi, en point de presse, en marge de l'étude des crédits budgétaires de son ministère pour l'année en cours.

Lors de sa nomination à la tête du Comex, en décembre, le gouvernement d'alors avait pourtant indiqué qu'il accomplirait ses fonctions à temps complet, même si son prédécesseur, Pierre Mercier, exerçait les mêmes fonctions depuis 2008 à temps partiel.

Peu connu, le Comité d'examen (COMEX) joue un rôle comparable à celui du Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE), mais dans le nord du Québec, sur le territoire régi par la Convention de la Baie-James.

Le ministre Heurtel a indiqué qu'avec un tel salaire le gouvernement s'estimait en droit de demander à M. Boisclair de fournir une contribution additionnelle.

«C'est sûr que l'expérience de M. Boisclair, notamment en environnement, une expérience internationale, particulièrement sur la lutte contre les changements climatiques, ça va être très utile», a commenté le ministre.

«Tant qu'à l'avoir au sein de la fonction publique, pourquoi ne pas mettre à profit l'ensemble de cette expérience-là?», a-t-il ajouté.

Il a précisé que le mandat de M. Boisclair serait administratif et non politique. Il ne travaillera donc pas directement au cabinet du ministre.

«Il est un fonctionnaire et travaille au sein du ministère. Il ne fera pas de travail politique», a assuré M. Heurtel, qui promet aussi de construire «une muraille de Chine» entre ses fonctions de conseiller et celles de dirigeant du Comex, afin d'éviter tout conflit d'intérêts.

Mais les mandats qui lui seront confiés n'ont toujours pas été précisés. «On va définir le mandat», a-t-il promis, évasif.

De son côté, le porte-parole de l'opposition péquiste en matière d'environnement, le député de Jonquière Sylvain Gaudreault, a dit qu'il ne trouvait rien à redire à voir son ancien chef conseiller désormais les libéraux sur les questions environnementales.

«Si le gouvernement veut utiliser ses compétences, tant mieux», a-t-il dit.

Au moment de sa nomination en décembre, M. Boisclair a eu droit au même salaire qu'il touchait lorsqu'il était délégué général du Québec à New York, en conservant tous les avantages sociaux rattachés à la fonction.

Son salaire annuel pour diriger le Comex équivaut à près du double de celui qui était versé à son prédécesseur, soit 90 000 $ par année.

Entre son départ de la Délégation du Québec à New York et sa nomination au Comex, M. Boisclair a reçu son plein salaire pendant près de trois mois, soit plus de 40 000 $, sans avoir exercé aucune fonction.

En poste pendant seulement 10 mois, M. Boisclair avait demandé en septembre dernier d'être relevé de ses fonctions afin de régler devant les tribunaux le différend qui l'opposait à la Coalition avenir Québec (CAQ).

L'ex-chef péquiste a déposé en novembre une poursuite en diffamation de 200 000 $ pour atteinte à sa réputation contre l'ex-député caquiste Jacques Duchesneau, son chef François Legault et la CAQ. Il leur reproche d'avoir relié sa consommation passée de cocaïne à une promesse de subvention de 2,5 millions $ pour la rénovation de l'église Saint-James, à Montréal, un projet piloté par un de ses amis, Paul Sauvé.