Au terme d'un caucus de deux heures jeudi soir à l'Assemblée nationale, Stéphane Bédard a été choisi chef parlementaire par intérim du Parti québécois (PQ).

«M. Bédard a été appuyé à l'unanimité (...) Il y avait une seule candidature», a déclaré le président du caucus, Sylvain Pagé. Deux autres députés étaient pressentis pour le poste: Agnès Maltais et François Gendron, doyen de l'Assemblée.

À l'entrée du caucus, M. Gendron vantait sa candidature. Ce qui ferait de lui un bon chef intérimaire? «Mon expérience, ma crédibilité, mon honnêteté, ma franchise et ma transparence. Ce que je suis, sans prétention», répondait-il.

M. Gendron disait avoir reçu beaucoup d'appels pour qu'il se présente. Mais lui même affirme ne pas en avoir fait. Trois jours seulement après la cuisante défaite électorale, il voulait éviter un affrontement au caucus. «Je ne veux pas de déchirement, c'est clair», a-t-il insisté. 

M. Bédard, ex-leader parlementaire et proche de Pauline Marois, s'est activé au téléphone pour promouvoir sa candidature. Selon nos informations, il a aussi eu l'appui de Mme Marois. Elle ne pouvait toutefois pas participer au caucus, car elle a perdu son siège de Charlevoix-Cote-de-Beaupré.

Comme leader parlementaire, M. Bédard avait la réputation d'être cinglant et agressif. Durant la campagne électorale, le chef libéral Philippe Couillard a essayé de marquer des points en utilisant un ton plus respectueux. Après avoir été choisi chef, M. Bédard a indiqué qu'il changerait de registre. «Il y a un côté de ma personnalité que certains connaissent, mais pour ceux qui ont eu à me fréquenter, il y a celui de la souplesse (...) Par mon ton, vous le voyez actuellement, (je veux) dire qu'on souhaite une transition harmonieuse. On va jouer notre rôle d'opposition officielle de façon constructive.»

«Vous voyez comment il a changé!», a lancé à ses côtés, presque amusé, M. Pagé.

C'est l'exécutif du PQ qui déterminera les modalités et l'échéancier de la course à la chefferie. Plus tôt en journée, tous les députés ont indiqué que rien ne pressait. Il faut d'abord prendre le temps de réfléchir aux causes de l'échec, ont notamment plaidé Alexandre Cloutier, Sylvain Gaudreault et Véronique Hivon. «Il faut laisser passer plusieurs saisons», a renchéri Jean-François Lisée.  

Comme le veut la pratique, M. Bédard devra rester neutre. Certains au PQ ont confié leur malaise à cause de sa proximité avec Pierre Karl Péladeau, candidat pressenti à la chefferie. Le frère de M. Bédard est l'avocat et conseiller de M. Péladeau. Les deux sont même arrivés ensemble à la soirée électorale du PQ lundi.

Le nouveau chef intérimaire a promis de ne pas prendre position. Questionné avant le caucus sur ces liens, M. Gendron a dit que le nouveau chef intérimaire devrait être «complètement neutre». Serait-ce le cas de M. Bédard ? «Je ne commenterai pas le type de neutralité, a-t-il répondu. Il n'y a pas 14 sortes de neutralité. Il n'y a pas de neutralité à moitié enceinte. T'es enceinte ou tu ne l'es pas.»