Les libéraux marchent sur la peinture. Ils corrigent les propos de leur chef Philippe Couillard, qui songeait à attendre jusqu'à trois ans avant d'équilibrer le budget, pour revenir à leur position traditionnelle.

Le chef parlementaire Jean-Marc Fournier est catégorique: il faut adopter d'ici la fin de l'année un plan pour réduire autant que possible le déficit en 2013-14 et atteindre le déficit zéro en 2014-15. «C'est un objectif incontournable», insiste-t-il. 

Mercredi, M. Couillard a surpris en disant qu'il songeait à reporter le déficit zéro jusqu'à 2016-2017. «Pour l'année prochaine, on doit s'approcher le plus possible de l'équilibre et avoir un plan pour les deux ou trois années suivantes, qui nous amènent vers un équilibre solide», avait dit M. Couillard lors d'un passage à Québec, avant de partir au Lac-Saint-Jean pour parler de forêt.

À l'Assemblée nationale, ses députés passaient pourtant la journée à maintenir la pression sur le gouvernement péquiste pour qu'il atteigne tel que promis le déficit zéro en 2013-14, l'année financière en cours.

Entre l'esprit et l'exégèse

M. Fournier assure que les libéraux n'ont jamais changé «l'esprit» de leur position. «L'esprit a toujours été le même. L'exégèse de la sémantique, je laisse ça à d'autres», dit-il.

Le Parti québécois avait promis d'atteindre le déficit zéro en 2013-14. Mais selon les derniers chiffres disponibles, quatre mois après le début de l'année financière, le déficit s'élevait déjà à 2,3 milliards. Et ce, même en incluant un chèque exceptionnel du fédéral d'environ 120 millions de dollars par mois, versé seulement l'année dernière et cette année, pour l'harmonisation des taxes de vente.

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, doit présenter d'ici deux semaines une mise à jour de son dernier budget. Il révèlera si le déficit zéro n'est plus visé en 2013-14. Et il devrait dire s'il peut l'atteindre ou non l'année suivante.

En chambre, le gouvernement péquiste a refusé de s'y engager. Il n'a pas donné son consentement à une motion présentée par les caquistes et libéraux qui «réaffirmait la nécessité d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2014-2015».

Équilibre impossible cette année

Le déficit zéro en 2013-14 serait maintenant inatteignable, se désole M. Fournier. Il veut par contre qu'on le réduise autant que possible. Les prochains budgets en dépendent.

En vertu de la Loi sur l'équilibre budgétaire, s'il y a un déficit en 2013-14, Québec doit déposer un plan pour retrouver l'équilibre budgétaire. Et le déficit doit être compensé par un surplus l'année suivante, jusqu'à un milliard. Si le déficit était supérieur à un milliard, un surplus additionnel doit être engrangé deux années plus tard.

M. Fournier ne veut pas que le ministre Marceau se limite à donner une date pour le retour à l'équilibre budgétaire. Le chef parlementaire libéral veut voir un plan détaillé pour connaître les moyens qui seront pris, et ce dès la mise à jour économique cet automne.

«À partir du moment où vous n'êtes pas capable de respecter les cibles que vous avez données aux Québécois et aux agences de cotation, il faut prestement corriger le tir et dire: il y a un problème, je le nomme, et voici la solution. Et on doit être capable de démontrer que les moyens qui sont pris vont permettre de respecter la nouvelle cible.»