Bernard Drainville préparait un projet de loi pour créer un nouvel organisme qui donnerait un portrait indépendant des finances publiques avant des élections, mais sa démarche a été bloquée, a appris La Presse.

Selon nos informations, le ministre des Institutions démocratiques voulait mettre en commun les ressources du vérificateur général avec celles d'un nouveau poste de directeur parlementaire du budget.

M. Drainville travaille toujours sur ce dossier avec le ministre des Finances, Nicolas Marceau. L'attachée de presse de M. Marceau mentionne que le tandem réfléchit encore à «plusieurs scénarios». «Le travail avance bien, à une vitesse très normale», assure-t-elle.

À la fin septembre, M. Marceau disait en interview qu'il cherchait avec son collègue à mettre en place une nouvelle «structure indépendante», sans donner plus de détails.

La réflexion à ce sujet se poursuit depuis une année. Assez longtemps, souligne une source bien informée, pour ne pas en dévoiler l'issue avant un éventuel déclenchement des élections, au début novembre.

Or, ces chiffres pourraient embêter le gouvernement péquiste. Il manque déjà 2 milliards pour atteindre le déficit zéro, mais M. Marceau n'a pas encore renoncé à cette cible désormais très difficile à atteindre, sans dire comment il s'y prendra. Et lundi, le gouvernement péquiste a annoncé de nouveaux investissements de 2 milliards, échelonnés sur trois ans, pour créer des emplois.

Le vérificateur dans les livres

En février 2012, à l'initiative entre autres de M. Drainville, le Parti québécois (PQ) proposait de créer un poste de directeur parlementaire du budget. Celui-ci donnerait un portrait des finances publiques avant chaque élection, afin de permettre un débat éclairé et d'éviter que le nouveau gouvernement abandonne des promesses sous prétexte que les finances sont dans un moins bon état que prévu. Un tel poste existe déjà à Ottawa et à Washington. Le directeur du budget aurait aussi à évaluer le coût des programmes. À Ottawa, c'est ce qui avait permis de révéler que l'achat des F-35 coûterait plusieurs milliards de plus que prévu.

Le PQ n'a pas conservé cet engagement dans sa plateforme électorale l'année dernière. À son arrivée en poste, le ministre Drainville faisait une volte-face et s'opposait à l'ajout d'une structure qui, selon lui, coûterait trop cher. Il disait alors vouloir accorder plus de pouvoirs au vérificateur général. Or, selon nos informations, il a essayé de mettre en place une nouvelle structure dans un projet de loi, structure qui utiliserait les ressources du vérificateur général pour économiser.

Mais le ministère des Finances n'apprécierait pas un tel changement de culture. Et M. Marceau jugerait risqué de mettre à nu les finances publiques dans le contexte actuel difficile.

L'opposition a pris la parole de M. Drainville et propose aujourd'hui de permettre au vérificateur général d'analyser la prochaine mise à jour, qui est habituellement dévoilée entre la mi-octobre et le début décembre. Elle a déposé une motion à ce propos. Les péquistes ne l'ont pas appuyée, mais l'opposition a réussi à la faire adopter.

L'opposition veut notamment connaître l'ampleur du déficit accumulé avant une éventuelle campagne électorale cet automne. D'autant plus qu'en fonction de la Loi sur l'équilibre budgétaire, s'il y avait un déficit en 2013-2014 (l'année fiscale en cours), il faudrait le compenser en dégageant une somme équivalente dans le prochain budget. Un défi qui s'ajouterait aux 430 millions «non identifiés» dans le dernier budget péquiste et qui doivent être trouvés pour atteindre les cibles en 2014-2015.