La Fédération des femmes du Québec (FFQ) nie le fait qu'un nouveau groupe a causé une scission au sein de son organisation. Ainsi, personne n'aurait quitté la FFQ pour se joindre au groupe Pour les droits des femmes, qui n'est d'ailleurs même pas encore créé.

«Il y a un débat dans le mouvement féministe sur la laïcité, mais pas de scission à la FFQ, puisqu'aucun des membres du nouveau groupe n'était membre chez nous», affirme Alexa Conradi, présidente de la FFQ.

Mme Conradi accueille favorablement la création de cette nouvelle entité, si elle voit bel et bien le jour.

«C'est sain qu'il y ait des espaces de débat, dit-elle. Depuis le début du mouvement féministe, il y a des débats. On est toutes pour l'égalité, mais on n'a pas la même façon d'y parvenir.»

Le quotidien Le Devoir a annoncé hier en manchette la création du groupe Pour les droits des femmes (PDF). Les têtes d'affiche sont l'ex-ministre Louise Beaudoin ainsi que l'ex-juge de la Cour suprême Claire L'Heureux-Dubé.

Jointe hier, Louise Beaudoin semblait mal à l'aise par rapport à cette annonce. «Le groupe n'est pas créé encore. Je ne veux pas aller plus loin là-dedans parce que pour l'instant, je veux me consacrer à la question de la laïcité. Tout ce que je peux dire, c'est que je me sens plus à l'aise avec ce type de féminisme que celui de la FFQ.»

Selon Mme Beaudoin, l'instigatrice du groupe est Michèle Sirois, militante de longue date pour la laïcité. «Ce n'est pas moi l'instigatrice, a toutefois rétorqué Mme Sirois. Je ne suis que membre sympathisante.» Celle qui sera la présidente du groupe, l'anthropologue Luce Cloutier, n'est «pas prête» à accorder d'entrevues, dit Mme Sirois.

Mouvement déchiré

Depuis l'avis sur la laïcité du Conseil du statut de la femme (CSF), rendu public il y a deux ans, le mouvement féministe est déchiré sur la question du port du voile islamique. Le CSF s'est prononcé pour l'interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique. La FFQ, quant à elle, rejette cet élément précis de la Charte des valeurs québécoises, puisqu'il pourrait mettre en péril l'emploi de certaines femmes.

Mme Conradi approuve d'ailleurs l'intention de l'actuelle présidente du CSF, Julie Miville-Dechêne, de réaliser une étude sur l'impact qu'aura la Charte sur l'emploi des femmes. «Il faut une étude d'impact, et pas juste un débat idéologique», dit-elle.