Julie Miville-Dechêne continuera de présider le Conseil du statut de la femme (CSF) jusqu'à l'expiration de son mandat, a assuré lundi la première ministre Pauline Marois.

La présidente du CSF a plongé le gouvernement péquiste dans l'embarras la semaine dernière, lui reprochant d'avoir voulu «museler» l'organisme-conseil dans le débat sur la charte des valeurs. Mme Miville-Dechêne a publiquement dénoncé «un accroc sérieux» à l'indépendance de l'organisme après la nomination par le conseil des ministres de quatre conseillères partageant les vues du gouvernement péquiste en matière de laïcité.

De passage à Montréal pour annoncer un investissement dans le domaine des effets visuels cinématographiques, la première ministre n'a pas voulu aborder de nouveau le dossier de la charte des valeurs québécoises, ni pour commenter l'ampleur des manifestations dans les deux camps, ni pour justifier les nominations au Conseil du statut de la femme.

«Vous avez entendu la ministre responsable (Agnès Maltais). Elle a donné toutes les explications utiles et pertinentes et je suis parfaitement d'accord avec ses propos et avec ce qu'elle a affirmé à la presse», a simplement affirmé Mme Marois.

Néanmoins, Mme Marois a dû dissiper les doutes sur l'avenir de Mme Miville-Dechêne, nommée à la tête du CSF par le gouvernement libéral en 2011.

«Ses jours ne sont pas comptés; elle restera à la tête du Conseil du statut de la femme jusqu'à ce que son mandat expire», a précisé la première ministre.

Le mandat de Mme Miville-Dechêne se terminera en août 2016.

Pendant ce temps, des députées libérales en colère sont montées au front lundi pour défendre Mme Miville-Dechêne et l'indépendance de l'organisme qu'elle dirige.

En point de presse à Québec, sept élues du caucus libéral, avec en tête Christine St-Pierre, ont lancé un appel à leurs consoeurs des autres formations politiques pour qu'elles s'élèvent contre les récentes nominations du gouvernement péquiste au sein du conseil d'administration du CSF.

En nommant quatre femmes sympathiques au projet de charte des valeurs, le conseil des ministres a posé un geste «méprisant et purement idéologique», a déclaré Mme St-Pierre, qui a promu Mme Miville-Dechêne à la présidence du CSF il y a un peu plus de deux ans à l'époque où elle était ministre responsable de la Condition féminine.

Mme St-Pierre ne cache pas être entrée en contact avec Mme Miville-Dechêne il y a quelques jours pour discuter de la situation. Les deux femmes partagent la même conviction qu'une étude s'impose pour évaluer l'impact de l'interdiction du voile chez les employées de la fonction publique.

Le ministre responsable Bernard Dranville «n'a jamais été capable de nommer une seule étude en sa possession qui dit combien il y a de femmes dans la fonction publique qui seront touchées par cette mesure (l'interdiction du voile)», a soulevé la députée de l'Acadie.

«Tout ça est basé sur un malaise et sur des gens qu'il rencontre dans la rue. (...) On ne fait pas des projets de loi sur des malaises et des rencontres dans la rue, il faut que ce soit plus sérieux, il faut que ce soit documenté», a-t-elle ajouté.

L'aile parlementaire libérale déposera mardi une motion pour que l'Assemblée nationale débatte mercredi de la controverse des nominations. Une lettre a été expédiée à l'ensemble des députées, y compris à Mme Marois, pour qu'elles prennent part au débat et réaffirment l'indépendance du Conseil du statut de la femme face aux pressions politiques partisanes. Québec solidaire a cependant fait savoir que la députée de Gouin et cochef de la formation de gauche, Françoise David, déposera sa propre version d'une motion en ce sens, mardi.