Accusé de «dormir au volant» Philippe Couillard s'est montré plus combatif samedi matin, pour son premier contact avec une instance de son parti depuis son élection à la tête du PLQ, en mars dernier.

Dans une intervention qui devait faire la liste de nombreux comités mis en place pour la préparation du programme libéral, qui doit être adopté en février 2014 lors d'un congrès, le nouveau chef libéral a durement critiqué ses adversaires péquistes et caquistes.

La veille le chef de la CAQ, François Legault avait relevé l'apparente léthargie du chef libéral l'accusant de «dormir au volant»

«Le PQ nous propose une mentalité d'assiégés, leur discours c'est celui de l'humiliation, de la menace de la division» a-t-il lancé, dans un discours qui a suscité des applaudissements convenus des 200 militants présents. Taxant l'adversaire péquiste de «social-démocrate de pacotille et de progressisme de façade» il a attaqué l'attitude du gouvernement Marois.

«On a des bricoleurs au pouvoir, comme un orchestre qui ne joue pas ensemble comme une boussole qui a perdu le Nord» a-t-il lancé, dans un discours livré sans flamme toutefois.

Quant à la Coalition avenir Québec, elle «est le résultat d'une réunion opportuniste de plusieurs courants». M. Legault aura à dire s'il est fédéraliste ou souverainiste, prévient le chef libéral, «sur la question de l'avenir du Québec on ne peut rester sur la clôture» a-t-il soutenu avant de lancer;  «ma patrie est le Québec, mon pays le Canada».

Le chef libéral insisté hier pour que les militants participent à la préparation du programme électoral du parti. Plusieurs comités sont mis en place, avec à leur tête, un élu et un militant de la base, sur la gouvernance, les questions identitaires, les activités du parti, son financement et le recrutement. «Défaire le Parti québécois n'est pas un programme politique suffisant. On doit se concentrer sur les idées, on doit dire ce qu'on va faire, pourquoi on va le faire et faire ce que l'on a dit» de soutenir M. Couillard.

Le PLQ se prépare à des élections sans croire toutefois qu'elles auront lieu en 2013. «Qu'on se prépare, tout le monde le sait. M. Couillard fait des sorties partout sur le territoire, il y a des mandats donnés. On met tout en oeuvre pour être une alternative aux incohérences et aux contradictions du PQ» de résumer le chef parlementaire, Jean Marc Fournier. Cet été M. Couillard va continuer «d'aller de BBQ en blé d'Inde».

Dès l'automne une ébauche de programme sera prête, «on aura un bout de chemin de fait, ça ne veut pas dire que quand on se lève le matin on veut déclencher une élection au mois de septembre, dira Fournier. Pensez vous que M. Legault se prépare à une élection, la réponse est oui, même chose pour Mme Marois», de lancer M. Fournier ne croyant pas toutefois que l'appel aux urnes sera lancé cet automne.

Pour Geoffrey Kelly le parti serait prêt à des élections cet automne, «il faut l'être en tout temps pour tous les scénarios possibles» souligne-t-il. «Notre objectif n'est pas de renverser le gouvernement, c'est plutôt d'avoir un programme» dira Robert Dutil, le député de Beauce sud.

Sur le financement du PLQ, le passage de 1000 $ à 100 $ pour le plafond des contributions, «simplifie les choses. On a plus de clientèle qui peut donner 100 $, avant on avait à travailler avec des gens en affaires, maintenant cela a démocratisé le financement» observe M. Lessard. Les autres partis semblent en avance pour l'instant, simplement parce qu'en début 2013, le PLQ a levé du financement pour sa course au leadership, explique-t-il.

Responsable du financement, Robert Dutil, «on n'a pas besoin de ramasser des montants aussi importants, (avec la contribution des fonds publics de 3 millions de dollars par année), le financement doit ramasser 17 ou 18 000 $ par comté» explique-t-il.

La décision du PLQ de payer le loyer de M. Couillard à Québec, 1800 $ par mois, n'a pas fait sourciller les députés; «c'est la continuité, M. Boisclair a déjà été dans une situation similaire» relève Geoffrey Kelly. «M. Couillard a un travail à faire c'est tout à fait légitime, pourquoi aurait-on dû le dire, ce n'est pas un précédent», dira André Drolet, député de Jean Lesage.

Pour Robert Dutil la décision de payer le loyer de M. Couillard, «c'est anodin». Pour le député Robert Poetie, il est incompréhensible qu'on en fasse un plat. Tous les élus qui représentent des circonscriptions en dehors de la région de Québec ont une allocation de logement de 1200 $ par mois. M. Couillard a un avantage similaire, du parti, puisqu'il n'est pas élu. Comme son appartement sert aussi à rencontrer des députés, il est normal qu'il soit plus spacieux, et donc plus coûteux, de souligner l'ex-policier. «Comme il doit vivre aussi à Québec (sa résidence principale est à Saint-Félicien) ce n'est pas déraisonnable. Ça ne coûterait pas moins cher à l'hôtel» dira-t-il.