Permettre l'alcool aux tables de jeu met à risque les joueurs les plus vulnérables, ont prévenu les Directeurs de la santé publique de six régions dont Montréal.

«Il faut maintenir le règlement», ont répété hier ce regroupement de Directions régionales de la santé publique puis le Directeur de la santé publique, le Dr Horacio Arruda. Tous ont critiqué le projet du ministre de la Santé Réjean Hébert, qui veut permettre l'alcool dans les aires de jeu dans les casinos. La consommation était seulement permise au bar et au restaurant. Québec croit pouvoir générer ainsi des revenus additionnels de 40 millions de dollars. Le règlement n'a pas encore été adopté. Une consultation se déroule actuellement.

À cause de son effet désinhibiteur, l'alcool est un «facteur de risque» pour le jeu pathologique, a rappelé le Dr Arruda. Ce «lien serré» a été «massivement démontrés par plusieurs études épidémiologiques», a renchéri Jean-François Biron, chercheur à la Direction de santé publique de Montréal. La durée de jeu et le montant des mises augmentent avec la consommation d'alcool, rapporte-t-il. «Les règles actuelles qui limitent la consommation d'alcool dans les casinos figurent parmi les meilleures pratiques», a-t-il ajouté.

L'opposition libérale, caquiste et solidaire dénonce en choeur cette mesure. Les spécialistes de la santé publique leur ont donné des munitions. Chaque semaine, 94 000 joueurs locaux fréquent le casino de Montréal.

Le gouvernement péquiste plaide que la consommation d'alcool aux tables existe déjà dans les casinos illégaux près de Montréal, ainsi que dans les casinos d'États américains. Cette pratique serait désormais encadrée dans les casinos de l'État, et les profits reviendraient à Québec. Un transfert de clientèle et d'argent qui reste à être prouvé, a réagi le Dr Arruda. «Cette démonstration là, je ne l'ai pas. C'est une hypothèse.»