Le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, revoit les règles qui entourent le choix des membres des comités de sélection de son ministère.

Mardi, l'ingénieur Michel Lalonde, PDG de la firme de génie-conseil Génius, a révélé à la commission Charbonneau qu'il bénéficiait de la complaisance d'un membre de l'un de ces comités, Claude Millaire, pour obtenir des contrats du MTQ. Il lui aurait versé un pot-de-vin de 25 000$ en plus de lui donner de nombreux cadeaux.

Devant ces révélations, Sylvain Gaudreault a demandé à son sous-ministre de préparer des scénarios pour resserrer les règles de formation de ces comités. Désormais, les membres devront signer une «déclaration d'intérêts» afin de démontrer les liens qu'ils ont avec des firmes.

Ces déclarations d'intérêts existent ailleurs et portent généralement sur les actions ou les participations que peuvent avoir une personne et ses proches dans des entreprises. Le ministre a laissé entendre que la déclaration à laquelle il songe pourrait aller plus loin.

Rappelons que, selon Michel Lalonde, Claude Millaire avait un lien d'amitié avec Gilles Thibodeau, un associé de Génius.

«On veut que (la déclaration) soit la plus formelle et la plus ferme possible. On est en train de regarder ça, a affirmé Sylvain Gaudreault lors d'un point de presse à Québec. C'est aussi une déclaration qui sera signée, faite sur l'honneur du membre de comité de sélection et qui sera consignée au procès-verbal. Donc, ce sera sérieux. »

Or, Claude Millaire avait signé une déclaration dans laquelle il s'engageait à assurer la confidentialité de sa nomination et de toute information relative à la sélection des firmes. Toujours selon cette déclaration, il disait ne pas être « apparenté » à des représentants des soumissionnaires et ne pas avoir été l'objet de « pression » ou de « représentation » de ceux-ci. S'il faut en croire les propos de Michel Lalonde, il a violé cette déclaration.

Cela démontre que l'efficacité des déclarations a une limite et qu'il pourrait y avoir des lacunes dans la vérification de leur véracité. «Si vous avez la solution parfaite pour empêcher tout geste illégal dans notre société, donnez-la-moi, j'aimerais l'avoir, a répliqué M. Gaudreault. Mais dès que des révélations sont portées à notre connaissance ou nous font allumer sur des éléments de plus qu'on peut faire, on agit.»

Il a souligné que Claude Millaire ne fait plus partie des comités de sélection depuis la fin de 2011. Les membres de ces comités sont des « gens de différents milieux qui ont des compétences dans les chantiers ou dans les contrats de génie ou de construction, et des représentants du Ministère », a indiqué M. Gaudreault. Claude Millaire n'était pas ingénieur. C'était un fonctionnaire de la Santé à la retraite. « Dans les comités de sélection, on va chercher des gens de l'externe. Qu'est-ce que M. Millaire faisait à la Santé, je ne peux le dire. Était-il responsable des immobilisations et es équipements ? » a affirmé le ministre.

Il entend également modifier la composition du comité interne du MTQ qui choisit les membres des comités de sélection. Il veut que le comité soit composé de représentants de différentes directions du Ministère « pour que ce ne soit pas toujours les mêmes personnes qui reviennent ni toujours des personnes de la même direction».