Des «affrontements» entre citoyens et pétrolières, gazières ou minières, comme celui vécu à Gaspé, risquent de compromettre ces filières énergétiques. C'est ce que craint le président de la Fédération québécoises des municipalités (FQM), Bernard Généreux. Pour éviter cet écueil, il demande au gouvernement péquiste de déposer «au plus sacrant» sa réforme de la loi sur les mines ainsi qu'une loi  sur les hydrocarbures. L'Union des municipalités du Québec (UMQ) demande la même chose. Les deux groupes soutiennent Gaspé.

La municipalité a voté à la mi-décembre un règlement municipal pour interdire l'injection dans le sol de substances pouvant «altérer la qualité de l'eau» souterraine ou de surface. Tout forage doit être effectué à plus de deux kilomètres d'un puits artésien. Gaspé veut ainsi empêcher le forage exploratoire Haldimand no. 4 de la société Pétrolia. Il se situe à environ 400 mètres de la maison la plus proche. Les travaux devaient commencer cette semaine.

Gaspé est-elle dans son droit? «Je ne peux pas me prononcer», répond la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet. Elle veut rassurer la ville. «Le permis obtenu par Pétrolia (en juin 2012) ne prévoit pas de stimulation ou de la fracturation hydraulique, a-t-elle affirmé. On ne donnera pas de tel permis avant d'avoir déterminé la distance sécuritaire des maisons.»

Le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, reconnaît qu'il reste «des points à éclaircir». Il rencontrera bientôt le maire de Gaspé, tandis que Mme Ouellet rencontrera Pétrolia.

La ministre promet de déposer «en début de session» sa réforme de la loi sur les mines, puis «dans les prochains mois» celle sur les hydrocarbures. La loi sur les mines a actuellement préséance sur la loi sur l'aménagement et l'urbanisme. L'UMQ et la FQM souhaitent entre autres que la nouvelle loi permette aux municipalités d'exclure les activités gazières, pétrolières et minières de leur périmètre urbain et de leurs zones touristiques.

Lors de la dernière campagne électorale, Pauline Marois avait déclaré que le Québec «ne devait pas se priver» de l'exploitation pétrolière en Gaspésie. Le libéral Raymond Bachand demande à Mme Marois de clarifier rapidement la situation de Pétrolia à Gaspé. «Lorsqu'un permis gouvernemental valide est émis, il est de la responsabilité d'un gouvernement de respecter sa part de l'entente. Sinon, quel signal envoie-t-on aux potentiels investisseurs? On ne peut pas laisser un tel flou et une telle improvisation dans le développement pétrolier au Québec», a-t-il déclaré par voie de communiqué de presse.