Le gouvernement Marois a accordé un «prêt au rabais» à la minière Stornoway, accuse le libéral Jean D'Amour.

C'est pourtant pour corriger l'entente signée par le gouvernement libéral, dans laquelle Québec payait tous les dépassements de coûts, qu'on a renégocié avec la minière. Québec devrait ainsi épargner au moins 124 millions de dollars. Sans être entièrement satisfaits, les environnementalistes y ont vu une amélioration. Mais M. D'Amour n'en démord pas. «C'est une fausse économie. Le gouvernement prête au rabais 77 millions de dollars à une minière. C'est ça, la réalité».

Selon l'entente signée en 2009, Québec payait tous les dépassements de coûts. Or, les coûts ont explosé, de 260 à 472 millions de dollars en moins de trois ans. Plusieurs problèmes avaient été sous-estimés. Le gouvernement péquiste a donc renégocié l'entente. Stornoway payera désormais 77 millions au lieu de 44, et elle est responsable des dépassements de coûts.

Or, les modalités du prêt changent, relève M. D'Amour. Le précédent prêt était de 44 millions sur 10 ans, à un taux de 6,3%. Le nouveau: 77 millions sur 15 ans à un taux de 3,35%, soit un taux inférieur à celui auquel Québec se finance. «C'est inconcevable de prêter à ce taux à une minière», déplore-t-il. Et la plus longue durée du prêt augmente le risque du gouvernement en cas de faillite de la minière, estime-t-il.

Selon les calculs des libéraux, le nouveau prêt permettra à Stornoway d'économiser un total 20 millions durant 15 ans. Ils critiquent aussi le fait que Stornoway ne devra plus payer sa part de l'entretien de la route. En fait, la route se sépare en quatre tronçons. Selon la nouvelle entente, le ministère des Transports devient responsable des deux premiers tronçons. La minière s'occupe des deux autres. Au lieu de payer une partie de l'entretien de l'ensemble de la route, elle payera désormais tous les coûts de la deuxième partie. La minière a déjà dit que les coûts d'entretien seraient semblables. Mais comme elle contrôle les travaux, elle peut mieux gérer l'échéancier pour son projet. Sous la nouvelle entente, les deux derniers tronçons deviennent un chemin minier, soit une route plus rudimentaire. «C'est une trail à motoneige», se moque M. D'Amour.

Le projet sert à prolonger la route 167 de 243 km, pour relier le lac Mistassini à la mine Renard de Stornoway. La mouture élaborée sous le gouvernement Charest s'inscrivait dans un plan d'ensemble, explique M. D'Amour. On devait desservir les communautés et permettre le développement du tourisme d'aventure. Ce sera plus difficile avec une route minière, s'inquiète-t-il. En conférence de presse, il n'a toutefois pas été capable de nommer une communauté ou un projet touristique qui en souffrira. Les élus locaux ont toutefois déjà exprimé certaines réserves face au nouveau chemin minier. Ce chemin pourrait entre autres faciliter le transport vers le nouveau parc national québécois Albanel-Témiscamie-Otish.

Le financement du projet Renard de Stornoway n'est pas encore terminé. La durée de vie prévue de la mine est d'au moins 11 ans.