Le gouvernement péquiste juge irrecevable une motion des libéraux pour qu'une commission parlementaire se penche sur une visite du ministre de l'Environnement, Daniel Breton, dans les bureaux d'un organisme chargé d'évaluations environnementales.

Tout indique que le ministre du Développement durable, Daniel Breton, devra expliquer en commission parlementaire sa controversée visite au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Les élus voteront vendredi sur une motion pour que la commission des transports et de l'environnement «fasse la lumière sur les événements survenus le 24 octobre dernier». M. Breton avait alors visité le BAPE. Selon ce que rapporte le Journal de Québec, il aurait demandé les numéros de cellulaire des commissaires. Il se serait aussi entretenu avec des commissaires à huis clos. Et il aurait prévenu le président du BAPE qu'il n'hésiterait pas à l'appeler si des décisions lui déplaisaient.

Or, le BAPE est un organisme indépendant et quasi-judiciaire. M. Breton confirme avoir effectué une visite de courtoisie au BAPE, mais nie le reste des allégations du reportage.

L'opposition libérale et caquiste, qui est majoritaire, prévoit voter en faveur de la motion. Elle deviendra donc un ordre de l'Assemblée. La commission sera saisie de l'affaire. Elle devrait donc entendre M. Breton et, si elle le juge nécessaire, des membres du BAPE impliqués dans l'histoire.

Selon Yolande James, critique libérale en matière d'Environnement, M. Breton aurait essayé «d'intimider» les commissaires du BAPE, et ainsi compromis l'indépendance de l'organisme. Elle souligne que M. Breton a refusé de donner des explications détaillées de l'affaire.

Québec solidaire appuie le ministre. L'opposition cherche à «lyncher» un ministre qui «a à coeur l'environnement», dénonce Françoise David.  S'il y a un problème d'indépendance au BAPE, il découle plutôt des précédentes nominations «post-it» du gouvernement libéral, ajoute M. Khadir.

Il s'agit d'une procédure inhabituelle. Le premier ministre Charest avait dû témoigner en 2008 devant une commission parlementaire spéciale sur le départ du délégué du Québec à New York, Bruno Fortier. Une procédure similaire avait aussi était utilisée en 1987 par le péquiste Jean Garon, qui accusait le ministre de l'Agriculture Michel Pagé d'avoir exercé des pressions indues sur lui afin qu'il ne présente pas de projet de loi.

- Avec Denis Lessard