Jean Charest a soulevé mardi des doutes sérieux sur l'intégrité professionnelle de l'ancien journaliste de Radio-Canada Pierre Duchesne pressenti pour être candidat péquiste à la prochaine élection.

M. Duchesne n'a toujours pas confirmé son passage en politique mais deux médias - La Presse et Radio-Canada - ont annoncé samedi que l'ancien correspondant parlementaire à Québec sera candidat dans la circonscription de Borduas, une forteresse du Parti québécois (PQ).

Jusqu'ici, le PQ a refusé de commenter l'information et la chef Pauline Marois a assuré n'avoir eu aucun contact avec l'ex-journaliste. Néanmoins, une source sûre au sein du parti a confié à La Presse Canadienne que des discussions avaient été entamées avec M. Duchesne «en début d'année».

M. Duchesne a mis un terme à sa carrière à Radio-Canada le mois dernier. Lors de son départ, il a affirmé «ne pas avoir de scénario de politique active devant (lui).

En point de presse, en marge d'une cérémonie protocolaire au Salon rouge de l'Assemblée nationale, le premier ministre Charest est demeuré prudent, faisant remarquer que la nouvelle de la candidature de M. Duchesne n'est toujours pas confirmée.

«Inutile de vous dire qu'on aura beaucoup de choses à dire là-dessus si cette rumeur se confirme», a-t-il lancé, sans préciser davantage.

Il a cependant laissé entendre que le journaliste avait peut-être un agenda caché ces derniers mois lorsqu'il analysait l'information en provenance de la colline parlementaire.

«Quand on fait face aux gens, on aime bien faire face aux gens à visage découvert», a lâché M. Charest.

Le premier ministre a également estimé qu'il y avait une «différence très nette» entre le cas de M. Duchesne et celui de la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, elle aussi ancienne journaliste de Radio-Canada passée chez les libéraux en 2007.

Les libéraux font valoir que Mme St-Pierre n'analysait pas l'actualité politique québécoise au moment de se lancer en politique.

De fait, Mme St-Pierre était en poste à l'extérieur du Québec depuis près de 10 ans - Washington et Ottawa - lorsqu'elle s'est jointe au Parti libéral du Québec (PLQ).

En entrevue, Mme St-Pierre a d'abord défendu le droit des journalistes de réorienter leur carrière vers la politique active.

«Les journalistes sont aussi des citoyens. Ils peuvent vouloir s'engager dans le débat public et ne doivent pas être exclus de la sphère politique», a-t-elle dit.

Toutefois, a ajouté la ministre, la question du «timing» se pose dans le cas des journalistes couvrant l'actualité parlementaire.

À cet égard, elle a invité son ancien collègue de Radio-Canada à dissiper le plus tôt possible les doutes sur ses intentions et sur son cheminement.

M. Duchesne devra entre autres expliquer «comment il pouvait à la fois être en réflexion pour se lancer en politique provinciale et faire son métier d'analyste de la politique provinciale», a souligné Mme St-Pierre.

La décision de faire le saut en politique «ne se prend pas sur un coin de table» et est normalement le fruit «d'une longue réflexion», a-t-elle déclaré.

Outre Mme St-Pierre, l'Assemblée nationale compte deux autres anciens journalistes de carrière, Bernard Drainville (PQ) et Gérard Deltell (CAQ). La ministre déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, a aussi travaillé dans le milieu des médias.