La blague de Jean Charest a donné de précieuses munitions à François Legault pour l'ouverture du congrès de fondation de son parti, vendredi. D'autant plus précieuses qu'il a essuyé un refus du président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Gaétan Barrette, d'assister à l'événement.

M. Legault a appris la décision de M. Barrette - très attendue - tout juste avant de donner une conférence de presse. Mais le chef caquiste a trouvé sa ligne d'attaque dans la controverse soulevée par son adversaire libéral un peu plus tôt.

Jean Charest a «déshonoré» la fonction de premier ministre en tournant à la blague les violents affrontements qui secouaient le centre-ville de Montréal, a-t-il tonné. «C'est triste à dire, mais je pense qu'aujourd'hui, le Québec n'avait pas de premier ministre. [...] En connaissez-vous beaucoup des chefs d'État qui font des blagues alors qu'il y a une émeute à l'extérieur?» Jean Charest doit s'excuser, selon lui.

M. Legault en a remis devant des militants enthousiastes en soirée. «Ce gars-là n'a plus la crédibilité, la légitimité pour gérer le Québec», a-t-il lancé sous des applaudissements nourris. Il a également accusé la chef du Parti québécois, Pauline Marois, d'avoir «les mains attachées avec les groupes de pression». Elle a fait de nombreuses concessions aux «purs et durs» de son parti «pour acheter la paix», a-t-il ajouté.

Pour François Legault, le congrès de son parti est un «moment historique». «Pour la première fois depuis 30 ans, on va avoir dans la même salle des gens qui ont milité» pour différents partis, a-t-il affirmé. Plus de 500 membres de la CAQ débattront de 59 propositions qui constitueront le programme de la Coalition avenir Québec (CAQ). Ils le feront pendant deux heures en atelier, puis pendant deux heures et demi en plénière. M. Legault s'est défendu de limiter les débats.

Gaétan Barrette absent

Gaétan Barrette n'y participera pas. Il a décidé de ne pas se rendre au congrès comme observateur. «En fin de semaine, lundi prochain et les jours suivants, je serai le président de la Fédération des médecins spécialistes», a tranché le Dr Barrette, dans un entretien à La Presse. «J'ai eu des hésitations, j'y ai jonglé, c'est vrai, mais je ne m'étais engagé auprès de personne», a-t-il insisté.

Cette semaine, à la première de Dérapages, film de Paul Arcand, François Legault a fait de pressantes représentations, en public, pour convaincre le médecin d'assister au congrès de fondation de la Coalition. Le médecin y a réfléchi, mais a finalement rebroussé chemin, convaincu semble-t-il que les élections générales ne seraient pas déclenchées avant plusieurs semaines, peut-être même pas avant 2013.

Le Dr Barrette doit aussi être présent à un événement important de la FMSQ en début de semaine, et un détour de sa part à Victoriaville aurait transmis un message ambigu aux troupes. «Cela aurait porté ombrage à mon travail à la FMSQ, ma priorité demeure la Fédération. D'ailleurs, il n'y a pas d'élections en vue. Les intérêts de la Fédération seraient desservis si ma présence au congrès prêtait à confusion», a expliqué le Dr Barrette.

M. Legault a tenté de minimiser cette absence. «Tant que M. Barrette sera président de la FMSQ, il ne pourra pas s'associer à un parti politique. Et il n'y a rien de décidé de ce côté-là», a-t-il noté. Il a eu des discussions avec M. Barrette au sujet de la possibilité qu'il porte les couleurs du parti aux élections. «Ça n'a pas pour l'instant été conclu. Lorsqu'il y aura une annonce à faire, on la fera, mais ce ne sera pas en fin de semaine.»

- Avec Denis Lessard

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Legault dénonce Jacques Ménard et Luc Beauregard

François Legault accuse le président de BMO Québec, Jacques Ménard, et le fondateur de National, Luc Beauregard, de faire pression sur des candidats «pressentis» pour les dissuader de retirer leur appui au Parti libéral. Les deux hommes d'affaires et des organisateurs libéraux font des appels pour «faire peur» à ces personnes, «pour essayer de les décourager», a-t-il dit. Hier, le chef caquiste a présenté sept candidats, dont l'ex-animatrice et journaliste à la télévision Nathalie Roy dans Montarville, au sud de Montréal. Il en a annoncé 45 jusqu'à maintenant, ce qui inclut les députés.