Le premier ministre Jean Charest a soutenu mercredi que la fusion de l'Action démocratique du Québec (ADQ) et de la Coalition avenir Québec (CAQ) consacre «un malentendu profond» sur les orientations politiques du nouveau parti dirigé par François Legault.

Peu après avoir assisté à l'assermentation de son nouveau député de Bonaventure, Damien Arsenault, M. Charest a affirmé lors d'un point de presse que ce regroupement est une source de «confusion».

«Il y a un malentendu profond qui est en train de s'installer, a-t-il dit lors d'un point de presse. Un chef de parti politique - M. Legault se décrit lui-même comme étant un souverainiste de gauche - qui dit maintenant qu'il veut prendre le contrôle d'un parti populiste de droite. Ce n'est pas par accident qu'il y a de la confusion.»

En prenant la parole lors de la cérémonie, M. Charest avait insisté sur le fait que son nouveau député est le représentant d'un parti bien établi dans le paysage québécois.

«Vous adhérez à des valeurs qui sont connues, testées», a-t-il dit.

Un sondage CROP publié mercredi dans La Presse indique que 500 répondants consultés ont des opinions partagées sur les orientations de la CAQ.

Ainsi, 23 pour cent des personnes interrogées estiment que le nouveau parti est fédéraliste, tandis que 30 pour cent croient qu'il est souverainiste. Quarante-sept pour cent des répondants ne savent pas où situer la CAQ sur les questions constitutionnelles.

Sur les orientations «gauche-droite», 20 pour cent des répondants situent la CAQ à gauche, 27 pour cent à droite, tandis que 54 pour cent n'en savent rien.

Alors qu'un vent de changement semble animer l'opinion publique québécoise depuis le balayage néo-démocrate du scrutin fédéral de mai dernier, M. Charest a affirmé aux journalistes que l'économie, thème central de sa dernière campagne en 2008, demeure son maître-mot.

«L'économie, c'est l'enjeu principal pour tous les Québécois», a-t-il dit.

Le porte-parole de la CAQ, Jean-François Del Torchio, a affirmé mercredi que M. Charest nage lui-même en pleine confusion parce qu'il est incapable d'adapter ses attaques à la CAQ, qui se situe hors du débat «séparatiste-fédéraliste».

«Avant, la seule chose qu'il disait, c'est: êtes-vous pour un référendum ou pour l'économie? Maintenant, il faudra qu'il débatte vraiment des vrais enjeux et c'est ça qui le déboussole et le rend confus», a-t-il dit.

M. Del Torchio a relevé que le sondage CROP témoigne du fait que la CAQ a encore du travail pour faire connaître ses propositions.

«C'est normal qu'on ait encore du travail pour faire connaître nos propositions, a-t-il dit. Mais en même temps, les gens veulent du changement, ils veulent sortir du carcan de la question constitutionnelle et nous c'est ce qu'on propose.»

Avant la cérémonie d'assermentation, le ministre des Finances Raymond Bachand a de son côté affirmé que, malgré leurs huit années au pouvoir, les libéraux pourront incarner le changement, lors d'une prochaine élection.

«Le changement pour les Québécois, c'est: garder ton emploi et en avoir pour tes enfants dans l'avenir, a-t-il dit. Et moi je pense que c'est ce qu'on incarne.»