Le gouvernement doit s'empresser de modifier la loi anti-briseurs de grève afin d'assurer le rapport de force des travailleurs, estime la quasi-totalité des députés de l'opposition.

La demande est venue mercredi de la députée indépendante Louise Beaudoin, qui a réclamé l'adoption d'un projet de loi du Parti québécois à ce sujet.

Avec l'appui du PQ, de Québec solidaire et d'autres députés indépendants, Mme Beaudoin a tenté de forcer la main du gouvernement, qui a cependant rejeté le dépôt d'une motion à ce sujet.

«La notion d'établissement, tout le monde le sait, tout le monde le dit, elle est désuète, obsolète, quand on pense aux nouvelles technologies et quand on pense à ce que ça signifie que de travailler virtuellement, a-t-elle dit. On ne traverse plus des lignes de piquetage physiquement, mais virtuellement. Alors, ça veut couvrir cette nouvelle réalité.»

Mme Beaudoin a réclamé l'appel du projet de loi 399, le jour même du dépôt d'un rapport d'une commission parlementaire qui s'est penchée sur la problématique des briseurs de grève dans le contexte du lock-out au Journal de Montréal et des nouvelles technologies qui permettent de recourir à des travailleurs de remplacement au-delà du lieu de travail physique.

Les députés membres de la commission ont unanimement recommandé que le ministère du Travail modernise les notions d'établissement et d'employeur prévues dans le Code du travail.

Lors d'un point de presse avec Mme Beaudoin, le député indépendant Pierre Curzi a affirmé que l'équilibre des forces, entre parties patronales et syndicales, est menacé par l'affaiblissement de la loi anti-briseurs de grève.

«Il est menacé, en tout cas, a-t-il dit. Je pense que c'est le sens de cette intervention de ce matin, c'est de ne pas laisser les choses se déséquilibrer plus.»

Lors d'un débat suivant le dépôt du rapport, le député libéral Guy Ouellette a souligné l'unanimité des parlementaires sur la nécessité de moderniser cet aspect du Code du travail.

Mais M. Ouellette a soutenu que le projet de loi 399, qui ne compte qu'un seul article, n'était qu'une ébauche.

Le député libéral André Drolet a quant à lui indiqué qu'il ne peut y avoir de modification des dispositions anti-briseurs de grève de manière isolée.

M. Drolet a expliqué que c'est l'ensemble du Code du travail qu'il faudrait réviser.