Les libéraux sont en route vers la victoire pour l'élection partielle dans Bonaventure, le 5 décembre. Et s'il avait présenté un candidat, François Legault n'aurait pas eu de chance de gagner, selon un nouveau sondage Segma/Le Soleil.

Le candidat libéral Damien Arsenault y récolte 52% des intentions de vote. Le péquiste Sylvain Roy arrive deuxième, avec 36%. Québec solidaire et l'ADQ se trouvent loin derrière - respectivement à 6% et 5%. C'est à peine plus que la marge d'erreur (4,9%, 19 fois sur 20, après répartition des indécis - sondage téléphonique réalisé auprès de 401 électeurs, les 9 et 10 novembre).

«La principale raison, c'est l'effet Nathalie Normandeau», explique Raynald Harvey, président de Segma Recherche. Pas moins de 90% des sondés se disent «satisfaits» ou «très satisfaits» du travail de l'ex- vice-première ministre, qui a démissionné en août dernier. Dans l'ensemble de la province, c'est pourtant le contraire pour le gouvernement. Selon plusieurs sondages, environ trois Québécois sur quatre se disent «insatisfaits» ou «très insatisfaits» du gouvernement Charest.

«Les électeurs profitent souvent d'une élection partielle pour envoyer un message au gouvernement, le sanctionner. Dans d'autres cas, la notoriété d'un candidat est le facteur le plus important. Mais ce n'est pas le cas ici. C'est plutôt la popularité de Mme Normandeau», ajoute M. Harvey.

Un autre chiffre semble corroborer cette hypothèse: moins d'une semaine après le déclenchement de la campagne, seulement 16% des sondés se disaient indécis. «C'est habituellement le double à cette étape-ci», note M. Harvey.

Cette circonscription gaspésienne a été gagnée par les libéraux dans 14 des 15 élections. Après le règne de Gérard D. Lévesque, les péquistes l'avaient prise en 1994, avant de la perdre au profit de Mme Normandeau, qui l'a conservée pendant 13 ans. Elle promet maintenant d'aider la campagne de M. Arsenault, maire de Saint-Elzéar.

Pas de candidat de la CAQ

En consultant ce sondage, M. Legault sera sûrement content de ne pas avoir présenté de candidat. Il n'y a que 15% des sondés qui voteraient pour sa Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) si elle présentait un candidat. Néanmoins, 29% seraient indécis à la suite de son arrivée. «Les gains de la CAQ se feraient surtout chez les péquistes, ce qui faciliterait la victoire des libéraux», relève M. Harvey.

Si le PQ était dirigé par Gilles Duceppe, il aurait augmenté ses résultats, mais pas assez pour gagner. Parmi les répondants non péquistes, 17% «seraient tentés» de changer leur vote si M. Duceppe remplaçait Mme Marois. «Mais il faut être prudent, car c'est une question hypothétique, nuance M. Harvey. Il ne faut pas oublier que ces électeurs tentés par M. Duceppe viennent surtout de Québec solidaire et de l'ADQ, et ont un taux de participation moins élevé. On ne calcule pas non plus le taux de gens qui pourraient abandonner le PQ à cause du départ de Mme Marois.»