Les municipalités situées dans le périmètre immédiat de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) vont devoir elles aussi densifier leurs projets de développement résidentiel, en conformité avec les objectifs et les contraintes d'aménagement imposés aux banlieues de la métropole.

Selon un document obtenu mercredi par La Presse, le ministre des Affaires municipales et de l'occupation du territoire, Laurent Lessard, a rejeté, le mois dernier, un règlement adopté par la MRC Montcalm, qui aurait permis à la municipalité de St-Lin-Laurentides de s'étendre sur 223 hectares de terres agricoles, juste au nord de Terrebonne, de la MRC des Moulins, et des limites de la CMM.

Dans une lettre adressée le 19 septembre à la préfète de la MRC, Mme Danielle Henri Allard, le ministre Lessard affirme que ce règlement «n'est pas conforme» avec l'orientation gouvernementale sur le plan d'aménagement du territoire de la CMM, adoptée en mai 2011, par Québec, même si cette municipalité et la MRC Montcalm ne font partie de la CMM.

«L'une des orientations qui y est fait mention, écrit le ministre, vise spécifiquement  les municipalités régionales de comté limitrophes au territoire de la CMM. Cette orientation vise, dans une optique de complémentarité, à consolider et réutiliser le tissu urbain existant en favorisant l'augmentation de la densité et de l'intensité de l'occupation du sol».

Or, selon le ministre, le règlement déposé par la MRC pour justifier une expansion du périmètre urbain de St-Lin-Laurentides dans la zone agricole, «ne prévoit donc aucune cible de densité, ni aucun critère pour y arriver.»

Québec demande donc à la MRC Montcalm d'augmenter le nombre de logements par hectare prévus «à l'intérieur du périmètre d'urbanisation actuel et des secteurs prévus pour l'agrandissement», et de revoir ensuite ses besoins en nouveaux espaces, après avoir fait cet exercice d'«augmentation de densité».

Cette intervention du ministre Lessard, en pleine période de consultations publiques sur le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), pourrait permettre de calmer, en partie, les appréhensions des maires de la banlieue Nord qui craignent l'exode des familles vers des municipalités hors-CMM, comme St-Colomban et St-Lin-Laurentides, en cas d'adoption du PMAD.

Le PMAD, proposé par la Communauté métropolitaine de Montréal, vise à baliser, au cours des 20 prochaines années, le développement résidentiel, commercial et industriel des 82 municipalités qui composent le Grand Montréal. Le plan mise sur une densification et sur le redéveloppement de secteurs urbains déstructurés pour planifier l'intégration de plus de 300 000 nouveaux ménages, d'ici 2031, dans la région métropolitaine.

Le plan soulève toutefois la colère de la banlieue Nord parce qu'il préconise le gel du territoire agricole durant cinq ans. Plusieurs municipalités accusent la CMM d'étouffer leur développement. Ils craignent que ce gel entraîne la rareté des terrains et une augmentation du coût des propriétés, qui favorisent les municipalités de la seconde couronne de banlieue.

Les maires de la banlieue nord prévoient d'ailleurs rencontrer les médias, cet après-midi, afin de faire connaître leur opposition au plan de la CMM, juste avant l'ouverture des séances de consultations publiques du PMAD prévues ce soir et demain à Boisbriand, dans les Basses-Laurentides.