Silencieux depuis quelques semaines, François Legault est parvenu à décrocher une grosse prise pour sa Coalition pour l'avenir du Québec: l'ancien ministre Claude Castonguay va prendre fait et cause pour le nouveau groupe de réflexion.

À la fin de 2010, quand M. Legault a proposé à M. Castonguay de se joindre au groupe, il a essuyé un refus poli. Questionné par La Presse, M. Castonguay s'était dit sympathique à l'initiative, mais estimait qu'il n'avait pas besoin d'un tel véhicule pour faire avancer ses idées.

Dans les dernières années, l'ancien ministre de Robert Bourassa a bien montré qu'il fait peu de cas des rivalités politiques. On l'a vu successivement à des conseils généraux du PLQ et à des congrès de l'ADQ faire des présentations sur les sujets qui lui tiennent à coeur, notamment la participation du privé dans le réseau de la santé.

Récemment, aux côtés du député péquiste François Rebello, il a fait des recommandations en vue de la création d'un REER «automatique» pour forcer les salariés à épargner en vue de la retraite.

Dans un texte qui devrait être publié sous peu sur le site web de la Coalition pour l'avenir du Québec, M. Castonguay souligne que «l'entrée de la Coalition sur la scène politique arrive à point nommé».

«Comme la majorité des Québécois, je ressens un profond désir de changement. Dans notre monde en pleine mutation, les remises en question touchent la plupart des domaines de notre vie en société. Même les acquis de la Révolution tranquille doivent être repensés en fonction des exigences contemporaines», soutient le père du régime de l'assurance maladie du Québec.

Selon lui, le Québec traverse «une période d'insatisfaction, de morosité et d'incertitude». Et ce n'est qu'au prix «d'un brassage d'idées franc, ouvert et orienté vers l'avenir que nous pourrons reprendre notre dynamisme».

La coalition rassemblée autour de François Legault et Charles Sirois a été créée, dit-il, «précisément pour lancer un tel débat. Son manifeste propose de nouvelles orientations qu'elle entend compléter et parfaire au cours des prochains mois».

«Je souhaite, conclut-il, qu'un grand nombre de Québécois s'engage dans l'exercice de réflexion et débat auquel elle nous convie.»

Silence radio

Claude Castonguay arrive au bon moment pour le groupe de François Legault: depuis la participation de ce dernier à Tout le monde en parle, au début du mois, c'est le silence radio. Certains de ceux qui ont adhéré au mouvement dès le début sont désormais perplexes devant la suite des choses.

Le document sur l'éducation sera rendu public, idéalement, avant le congrès du PQ, qui aura lieu à la mi-avril. Le document sur la santé arrivera plus tard, avant les vacances d'été.

M. Legault avait soutenu qu'il entamait une tournée pour vendre son idée aux Québécois. Il a rencontré cette semaine des groupes du secteur de l'éducation -la CSQ mardi et, hier, la Conférence des recteurs d'université (CREPUQ), dont le directeur général, Daniel Zizian, a déjà été son chef de cabinet. M. Legault rencontrera la Fédération des commissions scolaires la semaine prochaine.

La rencontre avec Réjean Parent, de la CSQ, est restée froide -le syndicat réprouve l'idée d'une évaluation de la performance individuelle des enseignants. Aucune rencontre avec les citoyens n'est prévue jusqu'ici. On a seulement prévu que M. Legault se rendra à un rassemblement de jeunes en Abitibi, à la fin mai.

Du côté de l'ADQ, le chef Gérard Deltell a eu tout l'automne «une ligne directe» avec François Legault. Il était prêt, à l'époque, à donner les rênes du parti à l'ancien ministre péquiste. Depuis, l'atmosphère a changé un peu -l'ADQ a repris du poil de la bête dans les sondages. Certains élus, comme Sylvie Roy, de Lotbinière, sont passablement réfractaires à l'idée d'un rapprochement avec le groupe de M. Legault. D'autant plus que, dans ses positions publiques, l'ancien ministre a soutenu clairement qu'il n'était pas question pour lui de faire entrer le secteur privé dans le réseau de la santé, un cheval de bataille de l'ADQ.