Mettre la question nationale de côté, comme veut le faire la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault, serait une erreur, croit le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

Selon M. Duceppe, éluder la question nationale d'un projet politique et de société pour le Québec équivaut à promouvoir le statu quo. Et cela lui paraît contradictoire pour un mouvement qui dit justement vouloir combattre le statu quo au Québec.

«Comment dire qu'on veut écarter le statu quo quand on le maintient en ne débattant pas de la question qui est celle de l'avenir du Québec? Ne pas voir qu'il y a des incidences, partant d'Ottawa, sur le fonctionnement même du Québec, c'est se fermer les yeux, c'est accepter le statu quo. Je comprends que des fédéralistes acceptent cela, parce que ça fait leur affaire. Mais que d'ex-souverainistes viennent dire «ce n'est plus grave', c'est se renier», a opiné le chef bloquiste.

M. Duceppe a fait ces commentaires lors d'un point de presse, après qu'il eut pris la parole devant quelques centaines d'étudiants du Collège Dawson à Montréal, mardi midi.

Il a aussi dit ne pas croire que le mouvement de François Legault nuise au Parti québécois, le parti frère du Bloc sur la scène québécoise. Pour l'instant, il juge ses idées trop floues.

«Il faut arriver avec des propositions pratiques. Tout le monde est pour l'éducation. Tout le monde est pour que la météo soit plus clémente. Mais quand on pose des questions bien précises... Et c'est ça, avant tout, la politique», a lancé le chef bloquiste.

Il a cité l'exemple de la Commission nationale des valeurs mobilières, sur laquelle M. Legault et Charles Sirois, un homme d'affaires, n'ont pas pris position, alors qu'ils disent vouloir mettre l'accent sur l'économie, en plus de l'éducation.

La salle du Collège Dawson était remplie et les étudiants ont bien accueilli M. Duceppe, lui posant maintes questions en anglais et en français sur la souveraineté du Québec, les minorités francophones des autres provinces canadiennes, la création d'un ministère fédéral de l'Éducation et les institutions patrimoniales canadiennes, entre autres.

Un étudiant lui a demandé s'il était en faveur de l'idée d'étendre la portée de la Charte de la langue française aux établissements collégiaux, un débat qui a cours présentement au Parti québécois, mais M. Duceppe n'a pas voulu se mêler du débat, prétextant qu'il relevait de la compétence provinciale. La question doit être débattue ce printemps au congrès du PQ.