Alors que la pétition exigeant la démission du premier ministre Jean Charest franchissait le cap des 200 000 signataires dimanche, une coalition de groupes d'intérêts a annoncé la tenue de plusieurs manifestations demain pour dénoncer «l'absence totale d'écoute du gouvernement».

À 21h, dimanche soir, 215 015 citoyens avaient signé la pétition qui se trouve sur le site web de l'Assemblée nationale. Selon le Mouvement citoyen national du Québec (MCNQ), qui a lancé le moyen de pression, la version papier a été téléchargée à près de 450 reprises.

 

 

«Nous avons calculé qu'à certains moments, il y avait en moyenne 200 signatures à la minute!» a lancé dimanche Steve Brosseau, préposé aux bénéficiaires qui a fondé le MCNQ.

«Je ne peux pas parler pour tous les signataires, a-t-il dit, mais j'imagine qu'ils ressentent le même ras-le-bol que moi lorsqu'ils constatent, d'un côté, les milliards qui sont dépensés pour des kilomètres d'asphalte surchargés et, de l'autre, les hausses de taxes et de tarifs du budget Bachand qui viennent directement piger dans l'assiette de nos enfants», a-t-il ajouté.

La pétition demandant le départ de Jean Charest a été lancée il y a une semaine. Elle dénonce le refus du gouvernement de déclencher une commission d'enquête publique sur le financement politique et l'attribution des contrats publics, de mettre sur pied un moratoire sur l'exploration du gaz de schiste et de revoir certaines mesures du budget Bachand. La pétition sera ouverte jusqu'au 15 février 2011. Elle a été parrainée par le député de Québec solidaire, Amir Khadir.

Ce dernier espère d'ailleurs que la pétition donnera des munitions aux députés libéraux qui souhaitent s'abstenir de voter ou se prononcer en faveur de la motion de censure qui sera présentée mercredi par le Parti québécois.

«J'aimerais que M. Charest se rende à l'évidence, a-t-il expliqué lors d'un entretien téléphonique dimanche. Il doit se rendre compte qu'en refusant de déclencher une enquête publique pour protéger quelques individus, c'est tout le Parti libéral qui va couler, et pour très longtemps.»

De son côté, le gouvernement libéral a réitéré ce week-end sa confiance envers l'escouade Marteau. «Les gouvernements sont élus par élection et non par pétition», a indiqué le whip en chef du gouvernement, Pierre Moreau, sur les ondes de LCN.

Manifestations

Presque au même moment où la pétition enregistrait 200 000 signatures, une coalition de plus de 120 organismes communautaires, syndicaux, féministes et étudiants ont annoncé la tenue, demain matin, de manifestations à Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Longueuil et Rivière-du-Loup. Le groupe s'oppose principalement à la hausse des tarifs et à la taxe santé annoncées dans le budget Bachand.

«Le succès monstre de la pétition lancée il y a moins d'une semaine montre le ras-le-bol de la population face à l'obstination et au mépris de Jean Charest et de son gouvernement, que ce soit dans le dossier de la corruption, des gaz de schiste ou du dernier budget. Ce ras-le-bol doit aussi s'exprimer dans la rue», a affirmé Marie-Ève Rancourt, porte-parole de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics.

Le MNCQ prévoit aussi l'organisation de sa propre manifestation si Jean Charest ne revient pas sur ses positions ou si les libéraux parviennent à battre, mercredi, la motion de censure déposée par le Parti québécois.