Une improbable coalition regroupant l'Action démocratique du Québec (ADQ) et Québec solidaire (QS) a fait front commun mercredi contre le gouvernement Charest dans l'épineux dossier de la refonte de la carte électorale.

Furieux, le ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Jean-Marc Fournier, a accusé ses vis-à-vis de «trahir» les régions.

Devant le refus du gouvernement de s'engager à réformer le mode de scrutin, les députés de l'ADQ, Amir Khadir de Québec solidaire ainsi que les indépendants Éric Caire et Marc Picard ont en effet uni leurs voix contre le projet de loi 132 du ministre Fournier.

Ce projet de loi vise à suspendre les pouvoirs du Directeur général des élections (DGE) jusqu'au 30 juin 2011, soit d'ici à ce que les élus de tous les partis représentés à l'Assemblée nationale présentent leur proposition d'une nouvelle carte électorale.

Or, à défaut d'adopter un tout nouveau mode de scrutin avec représentation proportionnelle, l'ADQ, Québec solidaire et les députés indépendants s'opposent à ce que le gouvernement Charest rouvre le processus.

«On ne peut pas accepter que le gouvernement se lance dans une opération partisane du redécoupage de la carte», a lancé le député de La Peltrie, Éric Caire, en conférence de presse aux côtés de la leader parlementaire adéquiste, Sylvie Roy et du cochef de Québec solidaire, Amir Khadir.

De surcroît, selon Mme Roy, le gouvernement va trop loin en voulant dépouiller de ses pouvoirs le Directeur général des élections, une institution indépendante relevant de l'Assemblée nationale.

«On n'a pas besoin de suspendre les pouvoirs du DGE. C'est lui qui est le maître de son calendrier. On peut s'entendre avec lui pour lui dire: «On va trouver un consensus, on va évoluer». On n'a pas besoin de suspendre ses pouvoirs pour faire ça», a-t-elle dit.

M. Khadir a renchéri en reprochant au gouvernement de vouloir court-circuiter l'institution du DGE pour agir à sa guise.

«Il faut que M. Charest cesse d'insulter le Directeur général des élections, d'insulter l'intelligence des parlementaires, d'insulter notre peuple (pour) à chaque fois mettre les deux mains dans la carte électorale pour la dessiner en fonction de ses besoins», a-t-il argué.

Pour le ministre Fournier, les deux partis sont coupables de «trahison» envers la Coalition pour le maintien des comtés en région, le groupe de pression du Bas-Saint-Laurent à l'origine de la mise au rancart du projet de réforme de la carte électorale du DGE.

M. Fournier prétend que les partis avaient tous donné leur accord pour suspendre les travaux du DGE à la demande de la coalition régionale.

«Quelques jours après, ils renient leur parole. On ne comprend pas cette trahison», a-t-il fulminé.

L'accusation a fait bondir la députée Roy, dont la circonscription de Lotbinière figure pourtant parmi celles que le DGE propose de rayer de la carte.

«Je n'ai pas donné mon accord pour suspendre les pouvoirs du DGE, ça, ce n'est pas vrai, ça n'a jamais été question de ça. Qu'on prenne un temps de pause, je suis d'accord, mais qu'on suspende le pouvoir du DGE, c'est trop», a-t-elle rétorqué.

Les représentants régionaux ont rallié la semaine dernière le premier ministre Jean Charest dans leur croisade pour empêcher le DGE d'éliminer trois circonscriptions dont le nombre d'électeurs est passé sous la limite légale.

Dans un communiqué, la Coalition pour le maintien des comtés en région a demandé aux partis représentés à l'Assemblée nationale de «collaborer» afin que la loi 132 soit adoptée «le plus rapidement possible».