Québec est «très déçu» de la décision de la Société de transport de Montréal d'aller en appel d'offres international pour remplacer ses rames de métro.

C'est ce qu'a fait savoir le ministre Claude Béchard mercredi après-midi.

À l'origine, en 2006, M. Béchard avait poussé pour que le contrat soit accordé directement à Bombardier, de gré à gré, d'autant plus que l'usine qui aurait été bénéficiaire, à La Pocatière, est située dans sa circonscription.

Cependant, des concurrents étrangers ont contesté cette décision en Cour avec succès, ce qui a mené la STM à relancer le processus mardi.

«Je suis très déçu», a commenté M. Béchard, en marge d'une conférence de presse à Québec.

À ceux qui demandent à Québec d'intervenir pour forcer la main à la STM en faveur de Bombardier, il répond que deux choix se profilent toujours: soit laisser l'appel d'offres suivre son cours, soit persister avec le gré à gré.

«De gré à gré, ça fait quatre ans qu'on vit l'expérience. Est-ce que les gens veulent que ça prenne encore deux ou trois ans et que ce soit encore des avocats qui travaillent au lieu des travailleurs?»

Malgré tout, M. Béchard soutient qu'il ne regrette pas du tout d'avoir favorisé directement Bombardier. Selon lui, «il est facile aujourd'hui de dire que ce n'était pas la bonne décision», alors qu'elle faisait pratiquement l'unanimité à l'époque.

«J'accepte avec plaisir les reproches qu'on me fait d'avoir trop défendu mes travailleurs, c'est mon rôle, c'est mon devoir de député.»

Il assure que d'accorder directement à Bombardier le contrat de plus de 1 milliard de dollars en 2006 était «la meilleure décision» à prendre à l'époque, mais que les circonstances ont changé: à l'époque on pouvait ainsi agir «le plus vite possible» en faveur des travailleurs.

Il a précisé que le gouvernement allait tout de même analyser les choix, mais qu'il faut laisser une chance à la STM, qui souhaitait depuis le tout début lancer un appel de propositions.

Le sort de l'usine de La Pocatière de Bombardier reste donc en suspens. Les travailleurs demandent au premier ministre Jean Charest d'intervenir.

L'annonce de la STM cette semaine est un autre épisode à un cafouillis qui dure donc depuis longtemps. En 2006, quand le gouvernement québécois avait adjugé l'affaire à Bombardier, une rivale française, Alstom, s'était adressée aux tribunaux.

En 2008, les deux constructeurs s'étaient finalement entendus pour se partager le contrat, mais d'autres entreprises étrangères, l'espagnole CAF et la chinoise Xhouxhou, ont à leur tour protesté.

La STM reconnaît maintenant que la soumission de CAF est conforme et se voit donc dans l'obligation de tout reprendre à zéro avec un nouvel appel d'offres international.

Au départ, les premières rames devaient entrer en service en juillet 2012. Toutefois, la relance du processus ajoutera au moins un an et demi à l'échéancier.