Certains employés des cabinets politiques pourront conserver leurs généreuses conditions salariales, a indiqué lundi le premier ministre Jean Charest.

M. Charest a cependant affirmé que la masse salariale du personnel politique sera soumise à la même discipline que celle de la fonction publique.

Cependant, rien n'exclut les «variations» pour certains employés des cabinets, tout comme dans la fonction publique, a déclaré le premier ministre, en insistant sur le fait que le gel est un objectif global.

«Il peut y avoir des variations à l'intérieur de la masse salariale, a-t-il dit. C'est normal, ça existe dans toutes les entreprises.»

Dans le dernier budget, le gouvernement a décrété le gel de la masse salariale de la fonction publique jusqu'en 2013-14.

Grâce à une dérogation aux règles, certains employés des cabinets politiques reçoivent toutefois un revenu bien supérieur aux normes en vigueur.

En 2009, quatre directeurs de cabinet et 13 attachés politiques ont bénéficié de cette procédure.

Lors d'un point de presse à Chicago, où il est en mission à l'occasion d'une conférence du secteur des biotechnologies, M. Charest a plaidé pour un gel raisonné, appliqué avec discernement.

«On ne peut pas agir bêtement, a-t-il dit. On ne peut pas couper partout de la même façon. Ç'a déjà été essayé dans le passé avec des résultats assez désastreux. Alors il y aura la même discipline dans les masses salariales des cabinets ministériels qu'il y a pour la fonction publique.»

À Québec, le député péquiste de Richelieu, Sylvain Simard, a affirmé que le gouvernement Charest démontre ainsi qu'il «se garde toutes les possibilités» d'accroître les dépenses des cabinets politiques.

De fait, le plan d'austérité du gouvernement ne souffle mot du sort qui attend les cabinets, et ce, même si leur budget a bondi de 26 pour cent entre 2003 et 2009, passant de 18,9 millions $ à 26,4 millions $.

«C'est ailleurs qu'ils vont couper. Pas dans leurs ressources à eux, leurs ressources partisanes», a fulminé M. Simard, porte-parole de l'opposition officielle en matière de trésor.

Du reste, le député péquiste estime que la présidente du Conseil du trésor Monique Gagnon-Tremblay a tout faux lorsqu'elle prétend que la masse salariale des cabinets a été réduite dès l'arrivée des libéraux au pouvoir en 2003.

Bien au contraire, a rétorqué M. Simard, le mégacabinet de Bernard Landry - qui comptait 36 ministres et secrétaires d'État - avait une masse salariale «de 4 millions $ inférieure» à celle du présent cabinet Charest.

«On peut conclure qu'il y a de la place pour donner l'exemple et démontrer qu'on est prêts à se faire mal à soi-même pour réussir l'opération d'assainissement des finances publiques. Au gouvernement, c'est bon pour les autres mais jamais pour eux», a-t-il dit.

De son côté, le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, s'est insurgé contre les «passe-droits» dont jouissent certains directeurs de cabinet.

Par exemple, à 155 000 $, le salaire annuel consenti à Philippe Dubuisson lorsqu'il dirigeait le cabinet de l'ex-ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, était supérieur à celui d'un ministre.

«Si on demande à tout le monde de faire un effort, ça comprend tout le monde. Nous sommes surpris d'apprendre qu'il y a dans les cabinets politiques des cas spéciaux, comme M. Dubuisson, qui défoncent la masse salariale prévue. Pour moi, il faut suivre les règles. Si on fait une exception pour un, l'autre en voudra une aussi et cela ne finira plus», a commenté M. Deltell.

En matière d'exemple, le gouvernement n'a rien à se reprocher, a quant à lui fait valoir le ministre des Finances, Raymond Bachand.

En fait, les cabinets «donnent l'exemple» depuis l'an dernier, a-t-il insisté.

«Tous les employés de l'État ainsi que le personnel politique sont appelés à faire un effort afin d'assainir les finances publiques. Depuis 2009, les cabinets politiques montrent l'exemple. Les primes au rendement ont été suspendues. Dans chacun des cabinets, comme dans chacun des ministères, la masse salariale sera gelée jusqu'en 2013-2014», a déclaré M. Bachand.