L'opposition péquiste veut mettre les dirigeants des société d'État au régime et leur faire rembourser les primes qu'ils ont encaissées en 2009, en pleine tourmente économique.

L'effort demandé aux Québécois pour assainir la situation financière de l'État doit être exigé avec la même vigueur aux gestionnaires publics, a soutenu, mercredi, le porte-parole de l'opposition officielle pour le Conseil du trésor, Sylvain Simard.

Déposé à la fin mars, le budget du ministre des Finances, Raymond Bachand, prévoit la suspension des primes de rendement des hauts dirigeants pour les deux prochaines années.

Mais les sociétés d'État à vocation dite «commerciale», comme la Caisse de dépôt, la Société générale de financement, la Société des alcools, Loto-Québec et Hydro-Québec échappent à cette restriction pour des raisons de marché.

«La population ne peut pas croire à la volonté du gouvernement de contrôler les dépenses publiques si tout le monde se sert comme si c'était un bar ouvert», a dénoncé M. Simard, en entrevue à La Presse Canadienne.

Pour le Parti québécois, il est inconcevable que des gestionnaires puissent profiter de largesses alors que les contribuables viennent de se faire refiler une facture de 6,5 milliards $ en hausses de taxes et de tarifs.

«Il faut une loi qui inclut l'ensemble des sociétés d'État, des organismes, des universités et qui dise: fini c'est fini. Et ceux qui ont pris de l'avance dans les derniers mois, et bien pas de pitié, qu'ils remboursent», a martelé M. Simard.

Pour le député de Richelieu, la loi doit être rétroactive à 2009, année où le premier ministre Jean Charest avait appelé les gestionnaires à faire preuve de modération.

Manifestement, le message d'austérité n'a pas été entendu dans toutes les officines, a pour sa part relaté le porte-parole de l'opposition en matière de finances, Nicolas Marceau.

A l'Assemblée nationale, le député de Rousseau a cité pour exemple la tenue, à peine deux semaines après le dépôt du budget, d'une activité festive de 350 000 $ à la Société des alcools (SAQ).

Au menu de cette activité figuraient des séances de motivation, un cocktail et une soirée de reconnaissance bien arrosée avec remise de cadeaux.

Quant à elle, la Caisse de dépôt a versé un million de dollars à quatre dirigeants malgré une année peu reluisante alors que le président-directeur général d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, s'est vu octroyer une prime de 125 000 $, a rappelé M. Marceau.

«Tout cela démontre que le ministre n'est pas pris au sérieux. Qu'est-ce que le ministre va faire concrètement pour mettre fin au double standard de la ligne dure pour les contribuables et des passe-droits pour les dirigeants des sociétés d'État?», a-t-il lancé.

Pour l'heure, le ministre s'en remet à la bonne foi des gestionnaires et leur demande, comme l'a fait le premier ministre avant lui en 2009, de faire montre de discipline.

«Aux dirigeants des sociétés d'État à vocation commerciale, nous demanderons un effort de discipline comparable en tenant compte de leurs situations particulières. Tout le monde va faire un effort», a-t-il assuré.