Aux accusations de favoritisme à l'égard de donateurs libéraux, le Parti québécois a ajouté jeudi des allégations de collusion entre le gouvernement Charest et l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ).

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, a d'abord dénoncé l'existence d'une «chaîne» de 13 garderies privées dont les frères Cola - Jack, Louis et Philip - sont devenus propriétaires ou actionnaires au cours des dernières années. Les frères Cola étaient propriétaires de l'abattoir Colbex. Des membres de leur famille et eux-mêmes ont contribué pour 141 500$ à la caisse du Parti libéral depuis 10 ans. Ils reçoivent 10 millions de dollars en subventions pour gérer les 1000 places que détiennent leurs garderies, a souligné M. Girard.Le ministre de la Famille, Tony Tomassi, n'a pas répondu directement aux questions. Il s'est contenté de citer un communiqué de presse diffusé mercredi par l'AGPQ qui accuse le PQ de «profilage racial» et de «salissage».

Nicolas Girard a aussitôt fait valoir que 5 des 7 administrateurs de l'AGPQ et leurs familles ont donné 43 445$ au PLQ depuis 2003 et qu'ils ont obtenu 525 places subventionnées pour leurs garderies privées au cours de la même période. Il a ciblé en particulier son président, Sylvain Lévesque, et son vice-président, Samir Al-Ahmad.

Il a ajouté que le directeur général, Jean-François Belleau, est un ancien attaché politique de la ministre de l'Éducation - et auparavant de la Famille -, Michelle Courchesne, et du titulaire de l'Emploi, Sam Hamad. «Dois-je comprendre qu'il est là pour exécuter les commandes du gouvernement libéral?» s'est demandé M. Girard.

«Chaque citoyen du Québec peut contribuer à quelque parti politique qu'il veut, a répliqué Tony Tomassi. C'est sûr et certain, M. le président, que chacun contribue où est-ce que son idéologie est le plus sensible.» Il a rappelé que le gouvernement péquiste a imposé en 1997 un moratoire sur la création de places dans les garderies privées. «Ils ont voulu détruire le service de garde privé», a-t-il lancé. Le gouvernement péquiste a mis fin au moratoire en 2002.

En raison notamment du moratoire imposé par le PQ, «j'ai des allégeances antipéquistes», a expliqué à La Presse le président de l'AGPQ, Sylvain Lévesque. Il nie tout favoritisme à son égard et toute collusion avec le gouvernement.

Si plusieurs officiers de l'AGPQ ont obtenu des places pour leurs garderies, c'est parce que «c'est la crème qu'on a au sein de notre conseil d'administration d'un point de vue de la qualité des services».

M. Lévesque dit poser un regard critique sur les actions du gouvernement libéral. Il rappelle qu'il a dénoncé le manque de transparence du processus d'attribution de nouvelles places subventionnées aux garderies en 2008.